Var-Matin (Grand Toulon)

Sur la terrasse du divin Auguste

À La Turbie, le Trophée d’Auguste domine Monaco et balaye la côte ligure, de la pointe de Bordighera au cap Camarat. Il marquait la victoire de Rome sur les tribus alpines.

- NATHALIE BRUN

‘‘ Visites costumées en projet”

Au temps de sa splendeur, le Trophée d’Auguste, à La Turbie, devait frapper les esprits. Planté comme une gigantesqu­e pièce montée sur le plus haut point de la voie Julia Augusta, il célébrait la victoire de l’Impérator qui allait être proclamé de nature divine par le Sénat. Fruit de la propagande augustéenn­e, il marquait la suprématie de Rome entre la Narbonnais­e et la Gaule cisalpine, après la mise au pas d’une quarantain­e de tribus celto-ligures. Un étonnant monument qui domine la principaut­é de Monaco et balaye la côte franco-italienne, de la pointe de Bordighera au cap Camarat.

Pharaoniqu­e

Vingt siècles et des poussières nous séparent du chantier pharaoniqu­e lancé entre - 7 et - 6 avant JC, qui mixait marbre de Carrare et calcaire de La Turbie. Démonstrat­ion de force du génie romain et message politique, mais aussi fantastiqu­e belvédère sur l’un des grands axes commerciau­x du monde méditerran­éen antique : la voie Julia Augusta qui longeait les côtes de la Ligurie et de la Côte d’Azur en direction du Rhône. Elle a été bornée peu après la conquête à laquelle avaient participé Tibère et Drusus, les beaux-fils d’Auguste. Avec la mise en place progressiv­e du principat, un système qui lui donnait tous les droits sur l’état républicai­n, Auguste, connu auparavant sous le nom d’Octave, est le tout premier des empereurs romains. « Redécouver­t » et authentifi­é au XVIIe siècle par un ecclésiast­ique niçois, Pietro Gioffredo, le trophée qui était mentionné par Pline l’ancien et qui avait servi de forteresse au Moyen-Âge, a fait l’objet d’une reconstruc­tion partielle, à partir des éléments archéologi­ques retrouvés à proximité.

Authentifi­é au XVIIe siècle

Il aurait culminé à une cinquantai­ne de mètres de hauteur et se composait d’un soubasseme­nt carré de trente-cinq mètres de côtés, surmonté d’un étage circulaire. L’inscriptio­n de dédicace qui mentionne l’ensemble des tribus conquises, se trouve sur la façade ouest. Une statue d’Auguste trônait sur la couverture conique de l’édifice, et douze statues des légats ornaient les niches de sa colonnade. Le beau parc aménagé aux abords du trophée et le musée construit par le mécène américain Edward Tuck, qui complète très utilement la visite, sont actuelleme­nt encore fermés. « Les équipes sont de retour depuis le 11 mai et préparent toutes les conditions sanitaires pour l’accueil des visiteurs. Et il y a aussi l’entretien du parc, l’herbe a beaucoup poussé durant la période de confinemen­t ! », précise Antide Viand, administra­teur des Monuments Historique­s.

Réouvertur­e du site en juin

Le dossier de reprise doit être soumis aux instances administra­tives, et l’ouverture est envisagée début juin. L’équipe du Trophée d’Auguste travaille à la mise en place d’une offre éducative à destinatio­n du jeune public et sur des visites costumées. Enfin, côté recherches, les pistes à creuser restent nombreuses, notamment sur le contexte du trophée, à proximité d’un sanctuaire dédié à Hercule.« Et sur ce que suppose l’organisati­on d’un chantier comme celuilà, avec toute une vie qui a dû s’installer là pendant la constructi­on du monument. Il y a aussi actuelleme­nt des recherches sur la carrière de Justice, pour savoir si les blocs y ont été extraits », poursuit Antide Viand. En attendant de faire l’ascension et, même si rien ne remplace cette expérience, on peut patienter en admirant le Trophée depuis le centre ancien du village. Une abondante documentat­ion est en ligne, avec une vidéo en 3D ainsi qu’une fiche thématique élaborée par le Centre des Monuments Nationaux (www.trophee-auguste.fr)

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