Sur la terrasse du divin Auguste
À La Turbie, le Trophée d’Auguste domine Monaco et balaye la côte ligure, de la pointe de Bordighera au cap Camarat. Il marquait la victoire de Rome sur les tribus alpines.
‘‘ Visites costumées en projet”
Au temps de sa splendeur, le Trophée d’Auguste, à La Turbie, devait frapper les esprits. Planté comme une gigantesque pièce montée sur le plus haut point de la voie Julia Augusta, il célébrait la victoire de l’Impérator qui allait être proclamé de nature divine par le Sénat. Fruit de la propagande augustéenne, il marquait la suprématie de Rome entre la Narbonnaise et la Gaule cisalpine, après la mise au pas d’une quarantaine de tribus celto-ligures. Un étonnant monument qui domine la principauté de Monaco et balaye la côte franco-italienne, de la pointe de Bordighera au cap Camarat.
Pharaonique
Vingt siècles et des poussières nous séparent du chantier pharaonique lancé entre - 7 et - 6 avant JC, qui mixait marbre de Carrare et calcaire de La Turbie. Démonstration de force du génie romain et message politique, mais aussi fantastique belvédère sur l’un des grands axes commerciaux du monde méditerranéen antique : la voie Julia Augusta qui longeait les côtes de la Ligurie et de la Côte d’Azur en direction du Rhône. Elle a été bornée peu après la conquête à laquelle avaient participé Tibère et Drusus, les beaux-fils d’Auguste. Avec la mise en place progressive du principat, un système qui lui donnait tous les droits sur l’état républicain, Auguste, connu auparavant sous le nom d’Octave, est le tout premier des empereurs romains. « Redécouvert » et authentifié au XVIIe siècle par un ecclésiastique niçois, Pietro Gioffredo, le trophée qui était mentionné par Pline l’ancien et qui avait servi de forteresse au Moyen-Âge, a fait l’objet d’une reconstruction partielle, à partir des éléments archéologiques retrouvés à proximité.
Authentifié au XVIIe siècle
Il aurait culminé à une cinquantaine de mètres de hauteur et se composait d’un soubassement carré de trente-cinq mètres de côtés, surmonté d’un étage circulaire. L’inscription de dédicace qui mentionne l’ensemble des tribus conquises, se trouve sur la façade ouest. Une statue d’Auguste trônait sur la couverture conique de l’édifice, et douze statues des légats ornaient les niches de sa colonnade. Le beau parc aménagé aux abords du trophée et le musée construit par le mécène américain Edward Tuck, qui complète très utilement la visite, sont actuellement encore fermés. « Les équipes sont de retour depuis le 11 mai et préparent toutes les conditions sanitaires pour l’accueil des visiteurs. Et il y a aussi l’entretien du parc, l’herbe a beaucoup poussé durant la période de confinement ! », précise Antide Viand, administrateur des Monuments Historiques.
Réouverture du site en juin
Le dossier de reprise doit être soumis aux instances administratives, et l’ouverture est envisagée début juin. L’équipe du Trophée d’Auguste travaille à la mise en place d’une offre éducative à destination du jeune public et sur des visites costumées. Enfin, côté recherches, les pistes à creuser restent nombreuses, notamment sur le contexte du trophée, à proximité d’un sanctuaire dédié à Hercule.« Et sur ce que suppose l’organisation d’un chantier comme celuilà, avec toute une vie qui a dû s’installer là pendant la construction du monument. Il y a aussi actuellement des recherches sur la carrière de Justice, pour savoir si les blocs y ont été extraits », poursuit Antide Viand. En attendant de faire l’ascension et, même si rien ne remplace cette expérience, on peut patienter en admirant le Trophée depuis le centre ancien du village. Une abondante documentation est en ligne, avec une vidéo en 3D ainsi qu’une fiche thématique élaborée par le Centre des Monuments Nationaux (www.trophee-auguste.fr)