Var-Matin (Grand Toulon)

« Les mosquées ne sont pas des clubs privés »

- Dossier : Pierre-Louis Pagès et Laurent Amalric Photos d’archives Var-matin

À quelques jours à peine de l’Aïd el-Fitr, qui marquera ce week-end la fin du ramadan, les musulmans auraient sans doute apprécié de pouvoir se rendre à la mosquée. Mais si la réouvertur­e des lieux de culte se précise avec la décision du Conseil d’État d’assouplir les restrictio­ns, il est encore trop tôt. D’où la frustratio­n ressentie par certains fidèles qui se sentent floués par rapport aux chrétiens qui pourront sans doute fêter la Pentecôte. « Il n’y a pas de polémique sur ce sujet. Je n’ai pas eu de remontées en ce sens », assure Abdeslem Aïssati, le président du conseil départemen­tal du culte musulman dans le Var. Pour parler franchemen­t, les représenta­nts de la communauté musulmane sont même plutôt rassurés que les mosquées restent fermées pour l’Aïd, synonyme de forte affluence. « Le culte musulman ne se sent pas concerné par cette décision du

Conseil d’État. Pour nous, il ne peut pas y avoir de demiouvert­ure des mosquées. Nos lieux de culte ne sont pas des clubs privés. On ne peut pas choisir parmi les fidèles qui entre ou n’entre pas », déclare Abdeslem Aïssati. Président de l’associatio­n culturelle des musulmans de La Garde, Saïd Hichouri est du même avis. « Je ne suis pas favorable à ce que les mosquées rouvrent maintenant. De ce que l’on sait, les règles sanitaires seraient trop compliquée­s à gérer. On ne peut pas mettre un compteur à l’entrée et interdire l’accès à la mosquée aux fidèles dès lors qu’on aura atteint les nouvelles capacités d’accueil possibleme­nt divisées par quatre. C’est difficile de trier les fidèles ». Saïd Hichouri n’ose même pas imaginer ce qui se passerait si l’un des fidèles tombait malade après avoir fréquenté la mosquée. « Parmi nos fidèles, on a des personnes à la santé fragile. Notre responsabi­lité est engagée ». Abdeslem Aïssati renchérit : « Pour moi la santé des fidèles passe avant tout. On aura tout le temps de prier ensemble une fois que l’épidémie sera passée ».

». Pour l’heure, le pasteur n’a donc pas l’intention de se précipiter au temple. « Le gouverneme­nt a huit jours pour décider des mesures à mettre en place. On se pliera à ses directives et bien sûr à celles des responsabl­es de notre église. Et s’il faut attendre le mois de juin pour rouvrir, on attendra ». Une façon de rappeler discrèteme­nt que l’Église protestant­e unie n’est pas à l’origine de la procédure judiciaire engagée devant le Conseil d’État. Christian Badet émet par ailleurs quelques réserves. Il n’est pas dit en effet que, même autorisés à retourner au temple, les fidèles s’y pressent. « On ressent de la peur, de la crainte, notamment chez les personnes âgées. Je ne sais pas si les gens vont reprendre le chemin du temple ». Et de conclure : « Les cultes ne vont pas se vivre comme avant ».

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 ??  ?? Christian Badet, pasteur de l’Église protestant­e unie, n’exprime aucun empresseme­nt à retourner au temple.
Christian Badet, pasteur de l’Église protestant­e unie, n’exprime aucun empresseme­nt à retourner au temple.
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Saïd Hichouri (à gauche) dans la salle de prière de l’Associatio­n culturelle des musulmans de La Garde. Sur la photo de droite, Abdeslem Aïssati, président du conseil départemen­tal du culte musulman dans le Var.

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