Var-Matin (Grand Toulon)

Les profs se sont acharnés ”

- G. A. gaubertin@nicematin.fr

« Ce n’est pas j’aime grave, bien attendre. » Après un mois et demi de confinemen­t « parfois difficile », Eddy n’est plus à deux ou trois quarts d’heure près. « Je m’ennuyais un peu à la maison ». Il s’est occupé comme il pouvait en « décorant (sa) chambre » ,en « sortant de temps en temps » taper dans le ballon avec son frère ou en matant ses « dessins animés préférés » (L’attaque des Titans et Tokyo Ghoul). Il est certes très en avance sur la sonnerie, mais au moins, il sait où il va. L’élève de sixième aspire à devenir un jour « développeu­r de jeux vidéo comme Sonic ». Il est plutôt branché « maths et sciences » mais s’intéresse aussi à la chose philosophi­que depuis une initiation en cours de français. « On avait étudié un texte de Gilgamesh et le personnage se demandait ‘’À quoi bon naître s’il faut mourir un jour ?’’ » Comme Gilgamesh, Eddy se pose « beaucoup de questions ». Et s’il est aussi heureux de retourner au collège, c’est pour pouvoir y répondre… Le jeune Toulonnais le formule simplement : « Les professeur­s m’ont manqué. » Sérieux et appliqué, Eddy est resté connecté sur le logiciel Pronote pendant toute la durée du confinemen­t. «La plupart du temps, raconte-t-il, j’écrivais sur une feuille que je prenais en photo pour l’envoyer ensuite au professeur. On pouvait aussi discuter, envoyer des messages et poser nos questions. Mais c’est quand même mieux d’être en face d’un professeur, glisse-t-il, lucide. Car faire les devoirs et les exercices seul sans explicatio­n, c’est extrêmemen­t dur. » Voilà ce qu’il retiendra de cette période un peu particuliè­re. « C’est vraiment l’école qui m’a le plus manqué ». Il est « content aussi de revoir les amis », mais surtout, de retrouver ce fameux rythme scolaire si cher aux parents. Le virus ? Il n’en a «pas peur ». Il a soigneusem­ent emballé son masque dans une petite pochette en plastique et fait « attention aux mesures de sécurité » .Son discours est déjà plein de sagesse. « On s’est adapté à un autre mode de vie. Maintenant, il faut être patient. Cette période sera bientôt finie et on reprendra notre vie d’avant », prédit Eddy, avant de rejoindre sa classe, d’un pas déterminé.

La sonnerie a été remplacée par des appels au micro. C’est l’heure de la pause déjeuner et les élèves du collège Gustave-Roux d’Hyères sont invités à rejoindre la cantine. Masques sur le nez et baskets au pied, les collégiens sortent des salles de cours par petites grappes. Eux aussi ont repris la classe, lundi matin. L’occasion de se familiaris­er avec un protocole sanitaire dont ils se seraient bien passés. «Le masque, c’est horrible », rouspète Arthur. « Et le gel, ça colle trop les mains », enchaîne Noah. Au programme de la matinée : « Des devoirs plus que des vrais cours ». Une soixantain­e d’élèves (de la 6e à la 3e) a été répartie en petites classes tenues par six professeur­s et six assistants d’éducation. Cela change radicaleme­nt du confinemen­t et Taïma ne va pas s’en plaindre : « C’est quand même plus simple de travailler ici. Les profs expliquent beaucoup mieux. » Tous ont un peu le sentiment d’avoir été dépassés par le « télétravai­l scolaire ». « Ils nous ont mis trop de trucs », déplore Taïma. «Tu veux dire qu’ils se sont acharnés sur nous », reprend de volée Noah. Alexis et Lucas, 14 ans, trouvent ça « bien de revoir les potes ». «Ça nous fait sortir, voir du monde ». Tous deux se sont gavés de Playstatio­n pendant le confinemen­t. « Les parents en avaient vraiment assez, comme nous ». Ce qui les préoccupe le plus aujourd’hui, « c’est de pouvoir reprendre le sport en club ». En attendant, Alexis s’est rendu compte que « la récré ne sert plus à rien». La faute aux tables de ping-pong et baby-foots condamnés

Les exercices sans explicatio­n, c’est extrêmemen­t dur ”

. La journée de cours vient de s’achever et les deux ados de 12 ans quittent l’établissem­ent des étoiles dans les yeux. La classe, c’est leur truc. Elles s’y sentent encore mieux que chez elle, visiblemen­t. « Au moins ici, analyse Ambre, on est plus concentré. Parce qu’à la maison, on a trop de distractio­n. Ce qu’on fait en une heure au collège, il nous faut deux heures à la maison parce qu’on doit comprendre par nous-mêmes. » Marjorie a tout particuliè­rement apprécié le cours de sport pour démarrer la journée. « On a fait de la relaxation. On était allongé dehors sur un tapis. On devait fermer les yeux, ou regarder le ciel. Comme certains étaient un peu stressés par la reprise, ça nous a fait beaucoup de bien. On s’est détendu… » Les gestes barrières ne sont finalement qu’un détail auxquel elles se sont « bien habituées ». L’important pour elles, c’était de « retrouver les amies » et des conditions de travail optimales. Mission accomplie. Comme résume Marjorie, « c’est quand même mieux d’être en petit nombre si on veut apprendre… »

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Alexis et Lucas,  ans, élèves à Gustave Roux.
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Marjorie et Ambre,  ans, élèves à F. De Leusse.
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Eddy,  ans, a retrouvé son collège D. Reinhardt.

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