Var-Matin (Grand Toulon)

Isabelle Godard : “La santé

Alors que le plan « Ségur de la santé » est dévoilé aujourd’hui, la CGT dénonce les différence­s de prime entre les hôpitaux varois et le manque de moyens. Et appelle à la mobilisati­on demain

- PROPOS RECUEILLIS PAR ELENA ESPEJO

Depuis plus d’un an, le personnel soignant est mobilisé pour revendique­r plus de moyens financiers, plus de lits et plus d’agents dans les établissem­ents de santé et d’action sociale, publics comme privés. Un manque de moyens humains et matériels mis en évidence avec la crise sanitaire. La Fédération de la santé et de l’action sociale a décidé de la tenue des « mardis de la colère ». La CGT annonce le premier rassemblem­ent demain à 16 h 30 devant le Centre hospitalie­r de la Dracénie (CHD), à Draguignan, et à

(1). Isabelle Godard, secrétaire générale de l’union syndicale départemen­tale santé et action sociale de la CGT, s’en explique.

Pourquoi ce mouvement demain ? Les hôpitaux, établissem­ents sanitaires, médico-sociaux étaient en mouvement avant la crise sanitaire. Aujourd’hui, leurs revendicat­ions sont les mêmes : l’arrêt des restructur­ations, l’augmentati­on du point d’indice, la revalorisa­tion des grilles salariales et l’améliorati­on des conditions de travail. Il a été dit que nous étions des héros, allions être récompensé­s… Nous ne sommes pas des héros mais des profession­nels. Beaucoup de promesses ont été faites et ne sont pas tenues. Aujourd’hui, le gouverneme­nt parle de médaille, de chèquesvac­ances donnés par des salariés qui échangerai­ent leurs RTT. Il faut arrêter les âneries et appliquer des mesures concrètes.

C’est-à-dire ? D’abord une revalorisa­tion salariale pour tous les personnels de la fonction publique et du privé. Les infirmière­s sont les plus mal payées des pays de l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE). Pourtant, elles étaient bien là, au chevet des patients. Comme tous les personnels. Certains sont malades, d’autres morts. Une promesse a été faite sur la reconnaiss­ance en maladie profession­nelle pour les soignants atteints du Covid- fin avril. Là encore, les textes ne sont toujours pas sortis.

Qu’en est-il du plan massif d’investisse­ment annoncé à Mulhouse le  mars par le Président ? À ce jour, nous ne savons toujours rien. Demain (aujourd’hui, Ndlr) le plan « Ségur de la santé » sera présenté en audioconfé­rence à  personnes, dont les partenaire­s sociaux. Je doute qu’on rentre sereinemen­t chez nous. Les députés du Var ont été interpellé­s, quelques pistes de réflexion ont été dévoilées. Elles ne nous conviennen­t absolument pas.

Lesquelles ? Par exemple : une réorganisa­tion des soins avec une revue du temps de travail est évoquée. Cela fait plus de trente ans que j’exerce à l’hôpital public et que j’entends parler de restructur­ation. Nous sommes vigilants sur ce que cela peut signifier. Et encore plus sur le temps de travail. Si l’État devait payer tous les comptes épargne temps des soignants, il faudrait sortir des millions.

Les revalorisa­tions de carrière ? Nous réclamons une améliorati­on des rémunérati­ons par le point d’indice, la revalorisa­tion des grilles salariales. Il faut rémunérer les qualificat­ions. Les soignantes à Bac + ou Bac + sont en dessous des techniques ou administra­tifs du même niveau d’étude. C’est anormal. De plus, il semblerait qu’une améliorati­on des rémunérati­ons des salariés soit envisagée mais pas pour tous. Ce qui pose problème. Dans un hôpital ou établissem­ent sanitaire, nous avons besoin de tout le monde : des soignants comme des techniques et administra­tifs. C’est l’équipe qui permet le bon fonctionne­ment des structures. Nous réclamons des moyens humains et matériels. Les politiques budgétaire­s d’austérité, ça suffit ! La santé n’est pas une marchandis­e ! Pendant la crise sanitaire, avec les annonces, il y avait de l’optimisme. Là, c’est l’inquiétude qui règne.

Que pensez-vous des hôpitaux, comme Draguignan, écartés de la prime de   € alors que les équipes étaient mobilisées ? Cela prouve, une fois de plus, que les annonces ne collent pas à la réalité ! À Draguignan, il y a eu une mobilisati­on de tout le personnel pour réorganise­r une réanimatio­n Covid. Il est vrai qu’il n’y a pas eu beaucoup de patients Covid. Tant mieux. Mais cette décision est injuste. À cet égard, la CGT a écrit à l’ARS afin que les Dracénois touchent, eux aussi, la prime de   euros.

Ne craignez-vous pas que cette mesure décourage les soignants lorsqu’il s’agira de refaire appel àeux? S’il devait y avoir une deuxième vague, les profession­nels seront là, c’est leur métier. Par ailleurs, dans les Ehpad, le décret de la fameuse prime Covid n’est toujours pas sorti. Pourtant, le personnel était présent et souvent sans aucune protection. Il faut savoir que dans le Var, tous n’étaient pas protégés de façon identique.

Il faut arrêter les âneries et appliquer des mesures concrètes !

Les politiques budgétaire­s d’austérité, ça suffit !”

L’action est intitulée « Les mardis de la colère ». Doit-on comprendre que ce mouvement est reconducti­ble ? Oui, nous réfléchiss­ons à des actions après les rassemblem­ents de Draguignan et Toulon. Pour le ,  et  juin. La reconnaiss­ance, ce n’est ni une médaille, ni les applaudiss­ements. Il faut être payés. Et donner des conditions de travail et d’accueil de la population dignes de la sixième puissance mondiale. S’il y avait eu   lits de “réa” ouverts, je ne suis pas sûre qu’on aurait eu ce nombre de décès et aussi rapidement. Il faut un changement de doctrine politique, ne pas gérer l’hôpital comme une entreprise qui doit rapporter.

Appelez-vous les Varois à la mobilisati­on demain ? Bien sûr. Le secteur de la santé et de l’action sociale ne pourra se battre qu’avec la population. Nous sommes là pour eux. C’est leur hôpital, leur santé. Il n’y a pas si longtemps, à Draguignan, il y avait ce slogan : « Sauve ta réa’ parce qu’un jour elle te sauver ». Aujourd’hui, nous pouvons le décliner : « Sauve ton hôpital parce qu’un jour il te sauvera » ! 1. Rassemblem­ent devant les établissem­ents dans le respect des règles de distanciat­ion sociale et port du masque obligatoir­e.

 ?? (Photo Frank Muller) ?? Isabelle Godard, secrétaire générale de l’union syndicale départemen­tale santé et action sociale de la CGT : « Après les applaudiss­ements de  h, place à la mobilisati­on et à l’action ! » Deux rassemblem­ents sont prévus demain, à Draguignan et Toulon.
(Photo Frank Muller) Isabelle Godard, secrétaire générale de l’union syndicale départemen­tale santé et action sociale de la CGT : « Après les applaudiss­ements de  h, place à la mobilisati­on et à l’action ! » Deux rassemblem­ents sont prévus demain, à Draguignan et Toulon.
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