Les jardins partagés entre patience et urgence
Au coeur de l’Espace nature départemental, les jardiniers qui n’ont rien pu faire pendant deux mois mettent les bouchées doubles pour rattraper le retard enregistré dans le calendrier des cultures
Cultiver son potager, c’est une école de patience. Et il en a fallu de la patience aux titulaires des parcelles de jardins partagés de l'’Espace nature départemental du plan de La Garde. Si ceux qui cultivent un bout de terrain à côté de leur maison ont eu plus de temps que d’habitude durant le confinement, pour préparer le printemps, les jardiniers du parc ont, eux, rongé leur frein, tenus éloignés de leur lopin de terre. Impossible de venir arroser les semis, arracher les mauvaises herbes et amender le sol. En concevant les attestations de déplacement, le ministère de l’intérieur n’avait pas pensé à ceux qui savent que le plus court des « circuits courts » est celui qui va directement du potager à l’assiette. « C’est sûr que le confinement est tombé à un mauvais moment pour nous, soupire Mireille en alignant enfin ses laitues. Mars-avril, c’est la période durant laquelle on prépare toute la saison et nous, on n’a rien pu faire ». Rageant, d’autant que Mireille,
récemment arrivée à La Garde, a appris que dans d’autres régions, non seulement le printemps est moins précoce, mais surtout des dérogations permettaient l’accès aux jardins ouvriers. « Ici, ce n’était pas possible et il y avait tout le temps des patrouilles. »
Bouchées doubles
Depuis le 11 mai, les jardiniers s’activent donc comme jamais pour tenter de rattraper leur retard. « Il y a des plantations qu’on ne pourra de toute façon pas faire. C’est trop tard, soupire Bernard qui a fait une croix sur ail, oignon ou échalotes. Suant à grosses gouttes pour maîtriser son motoculteur, il pleure aussi ses semis et ses fèves. Les premiers, parce qu’il n’a pas pu venir les arroser sous sa petite serre… les secondes, parce que la moitié d’entre elles, qui arrivaient à maturité n’ont pas supporté les inondations et le manque de soin.
La récolte sera décalée
Pour Bernard, comme pour les autres, la saison 2020 va donc faire plus de place qu’à l’accoutumée aux tomates, poivrons, aubergines ou courgettes. « Pour ces cultures, on est en retard sur ce qu’on fait d’habitude, mais ce n’est pas très grave, relativise Amandine. Normalement, c’est en avril qu’on commence vraiment à planter, du coup cette année les récoltes arriveront plus tard, c’est tout », positive la Pradétane qui, en retrouvant sa parcelle a pu profiter des fraises mûres à point. « Mais c’est sûr que depuis le déconfinement, on n’arrête pas, on vient tous les jours matin et soir. » Un rythme soutenu encore plus compliqué à tenir pour les quelques chibanis, piliers de l’association et jardiniers assidus. Le pic d’activité tombe en effet avec les premières chaleurs et coïncide avec la fin du ramadan.