Tourner la page
N’est-il pas trop tôt pour que déjà la politique politicienne reprenne ses droits ? L’enfermement est terminé depuis quinze jours seulement, les Français se déconfinent avec plus ou moins de respect pour les gestes barrières, les uns mettent pour la première fois le pied dans l’eau sur une plage à moins de km de chez eux, les autres rêvent de vacances lointaines après deux mois passés entre quatre murs. Et voilà que, dans le petit monde de la politique, il est déjà question de « tourner la page ». Qu’est-ce que cela veut dire, tourner la page ? Cela fait-il allusion à l’éloignement espéré de la « seconde vague » ? Non, ce n’est pas ainsi que l’interprète le microcosme politique. Alors, à la tenue du second tour des élections municipales fin juin, si le coronavirus le veut bien ? Oui, sans doute davantage, car elles marquent bien la fin d’une première étape du quinquennat. Une première étape dans laquelle, c’est le moins qu’on puisse dire, la majorité présidentielle de La République en marche n’a pas fait de prouesses. Ayant peu de candidats sortants, sans doute ne comptait-elle pas sur un scrutin local pour reprendre véritablement du poil de la bête. En réalité, « tourner la page », c’est pour ceux qui, autour d’Emmanuel Macron, le souhaitent, oublier les trois années plus que difficiles qui s’achèvent – des « gilets jaunes » à la crise sanitaire, en passant par les grands mouvements sociaux de la fin – et passer d’urgence à la deuxième étape, la dernière ligne droite, celle de la reconquête avant la Présidentielle de . C’est ainsi que, comme toujours, dans ce cas, les rumeurs courent sur un changement de Premier ministre. Pour certains, notamment pour les quelques députés qui ont créé la semaine dernière leur groupe parlementaire prônant une ouverture à gauche, mais pas seulement eux, ce serait la marque évidente d’un nouveau départ. Venu de LR, et n’ayant jamais adhéré à La République en marche, Edouard Philippe laisserait ainsi sa place à quelqu’un de plus proche du chef de l’Etat, capable de relancer la machine du « En même temps ». Pour d’autres, ce serait folie d’éloigner, même s’il est élu au Havre, un homme qui ne s’est jamais opposé au Président, et dont la cote de popularité est au plus haut. C’est décidément ainsi sous la Ve République, le sort du Premier ministre est toujours d’être sur un siège éjectable. Pour le meilleur ou pour le pire.
Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fais partie. » Sur le plateau de l’émission “On n’est pas couché” de Laurent Ruquier, la chanteuse varoise Camélia Jordana s’est exprimée, samedi soir, sur les accusations de violences policières qui ont marqué la France ces dernières années. Une sortie musclée qui a aussitôt déclenché la colère du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, et du député Les Républicains des AlpesMaritimes, Eric Ciotti.
« Honteux et inadmissible »
Interviewée par l’écrivain et chroniqueur de l’émission Philippe Besson, la Hyéroise a précisé : « Je ne parle pas des manifestants, je parle des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau. C’est un fait. Aujourd’hui, j’ai les cheveux défrisés. Quand j’ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France. » Des propos qui ont suscité de très nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, dont celle d’Eric Ciotti : «Cesont des propos honteux et inadmissibles », a-t-il écrit sur Twitter, en demandant à Christophe Castaner de « déposer plainte pour défendre l’honneur de nos policiers ». Un
dans un communiqué où il dit saisir le procureur de la République et demande au ministre de l’Intérieur d’en faire de même. A l’inverse, SOS Racisme a « apporté son soutien à l’analyse » de la chanteuse. « Nous regrettons que le ministre de l’Intérieur, en s’agrippant à l’emploi du terme “massacrer”, ait cru utile de condamner les propos de Camélia Jordana », déclare Dominique Sopo, son président.