TOUS ENSEMBLE, SI ON... CONFINAIT À QUAI TANKERS
Frontières nationales fermées, la moitié de la planète confinée, trafics aérien et maritime à l’arrêt... Durant cette crise sanitaire ce n’est pas le monde qui s’est arrêté de tourner, c’est la mondialisation de nos échanges commerciaux. Les États nations ont dû se contenter de leurs propres capacités de production.
On a alors découvert que l’on n’était pas capable de produire des masques, que la plupart de nos médicaments venaient d’Inde ou de Chine, tout comme ces respirateurs artificiels qui seuls pouvaient maintenir en vie les patients les plus gravement atteints par le coronavirus... On a redécouvert aussi que nos producteurs et nos agriculteurs pouvaient nourrir le pays, qu’au besoin on était capable de transformer en un temps record une usine automobile pour fabriquer ces fameux respirateurs médicaux, ou encore que nos parfumeurs de luxe, fleuron de l’économie française, pouvaient aussi produire du gel hydroalcoolique.
DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX MULTIPLIÉS PAR EN L’ESPACE D’UN DEMI-SIÈCLE
Cette crise n’a pas seulement bouleversé nos modes de consommation, elle a mis à mal l’hégémonie d’un modèle économique qui, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, est basé sur la mondialisation des échanges commerciaux. Leur volume a été multiplié par près de trente en l’espace d’un demi-siècle selon l’OCDE. Ce sont aujourd’hui près de milliards de tonnes de marchandises qui transitent chaque année d’un continent à l’autre. Près de % de tout ce que nous consommons en Europe sont produits hors les frontières de l’union.
Ce développement exponentiel du commerce international est la locomotive de la croissance économique mondiale. Alors que ces échanges transfrontaliers ne représentaient que % du produit brut mondial au milieu du XXe siècle, ils génèrent aujourd’hui près d’un quart de la richesse planétaire. Mais à quel prix ?
JUSQU’À QUAND ?
L’une des rares études réalisées sur l’impact écologique de cet emballement des échanges internationaux estime qu’il est aussi une des principales causes du réchauffement climatique, de la pollution et de la déforestation. L’agriculture intensive qui se développe dans les pays du sud devenus principaux fournisseurs de certains fruits et légumes pour le reste du monde est ainsi à l’origine de la disparition de km de forêt selon l’OCDE. Soit deux fois la surface de Paris qui est défrichée, notamment en Amérique du Sud, pour y planter du soja pour la Chine, ou des avocats pour l’Europe.
Est-ce bien raisonnable ? Est-ce seulement tenable ? Si l’on ne veut pas épuiser définitivement les ressources naturelles dont nous dépendons, il faudra peut-être à l’avenir mettre à profit nos expériences de confinés pour réapprendre à produire autrement et donc à consommer différemment. Sans pour autant se couper du reste du monde, mais en favorisant des circuits plus courts lorsque cela est possible. En veillant du moins à la traçabilité écologique des biens que nous achetons. En ne faisant plus du prix notre seul critère de choix.
Peut-être arriverons-nous ainsi à nous passer de quelques-uns de ces supertankers qui sillonnent les autoroutes maritimes du globe pour assouvir nos appétits consuméristes.