Malgré le déconfinement, le Famace théâtre rit jaune
Le café-théâtre ne lèvera pas le rideau avant fin août, car les exigences sanitaires ne permettraient pas une activité suffisante. La menace d’une fermeture définitive grandit
Le Famace théâtre est en plein flou, mais il n’a rien d’artistique. Car si les dernières annonces du gouvernement autorisent les salles de spectacle à ouvrir depuis le 2 juin, le rideau du café-théâtre brignolais restera tiré au moins jusqu’à fin août, début de la prochaine saison. « La situation n’est pas drôle, on ne va pas se forcer à rire. Même s’il y en a bien besoin », soupire Giovanni Iaquinti, qui dirige l’établissement avec sa femme, Sandrine.
spectateurs grand maximum
Facteur de cette décision, les consignes dictées par l’État « seulement quatre jours avant » pour rouvrir un lieu de spectacle. À commencer par les distances entre deux personnes : « Nous avons soixante-quinze places, rappelle Giovanni Iaquinti. Pour être dans les clous, il faudrait en enlever la moitié, mais aussi retirer des rangs collés à la scène. Résultat, on ne pourrait aller au-delà de 25 spectateurs. Avec cette affluence, nous perdrions de l’argent sur un spectacle, vus les frais de transport, logement… pour faire venir un artiste, exceptés ceux que nous formons. » Difficile, également, d’imaginer un sens de circulation dans un cocon aussi intime que le Famace, même en faisant arriver les spectateurs au compte-gouttes. « Il faudrait désinfecter la moindre surface où quelqu’un posera la main ? Dédier une personne à la désinfection des toilettes après chaque passage toute une soirée ? Sans oublier l’ensemble des locaux après une représentation …»
Autre problème, l’impossibilité d’avoir une caisse sur place pour la billetterie : « Tout doit se faire en ligne, ce que nous ne faisons pas …» Quant au port du masque sur scène, rien n’est clair sur ce qui est autorisé par la loi, selon Giovanni Iaquinti : « Rien n’a été précisé dans le cas où il y a plusieurs comédiens. Peuvent-ils même se toucher ? Au moins pour un one-man-show ça semble limpide », ironise-t-il.
« Le café-théâtre c’est la vie, pas les masques et la peur »
Car pour le public comme l’équipe en charge de l’accueil, le masque est momentanément obligatoire dans un lieu de spectacle. « Ici les gens ont plaisir à se retrouver, discuter. Nous avons le bar et la petite restauration à table les soirs de spectacle, deux éléments importants économiquement, qu’on ne pourrait ouvrir dans les conditions actuelles. L’identité de ce lieu c’est d’être chaleureux.
Vous imaginez ça avec des masques et un climat anxiogène ? » Le patron du Famace renchérit : « Comment voulez-vous prendre du plaisir si des gens ont peur dès que quelqu’un rit aux éclats ou tousse ? J’ai beau être passionné de théâtre, je n’irais pas moi-même voir une représentation dans ce climat, où que ce soit. Le café-théâtre c’est la vie, pas les masques et la peur. » Depuis septembre 2013, le caractère chaleureux des soirées au Famace a convaincu une base importante de fidèles, les spectacles se jouant le plus souvent à guichets fermés. Les plus fervents se voyaient déjà retrouver leur café-théâtre favori jeudi dernier : « Nous avons reçu des messages nous demandant si nous allions bien rouvrir début juin, si tout sera comme avant. Il a fallu répondre négativement. De plus, la saison se serait achevée le dernier week-end de mai en temps normal. Allez improviser une programmation estivale maintenant », soupire Giovanni Iaquinti. La prochaine saison du Famace devrait commencer fin août avec un grand habitué, Yves Pujol. Aura-t-elle bien lieu ? « Si les conditions sont les mêmes : non… »