« Il y a une omerta interne au système » C. C.
Les polémiques qui ont traversé l’Atlantique sont-elles justifiées ? C’est un vieux débat, qui a déjà été traité par la CNDS [Commission
nationale de déontologie et de
sécurité, ndlr] créée par Pierre Joxe. En , elle expliquait qu’il y avait un problème dans les méthodes d’interpellation et de relations avec le public de certains policiers, et qu’il fallait revoir ces conditions. Un très gros effort a été fourni sur la déontologie au moment du recrutement, mais il y a un souci d’application.
Le parallèle entre polices US et française est-il artificiel ?
L’erreur que l’on commet, c’est de croire que la police américaine est unitaire. Elle est composée de forces différentes ! Beaucoup de ces polices ont entamé un processus de pluralité. D’autres, dans le Sud en particulier, sont restées marquées par des logiques structurellement racistes. En France, la police a entamé une ouverture à la diversité, avec un processus beaucoup plus ancien,
mais beaucoup plus lent.
Le racisme dans la police est-il une réalité ?
La police n’est pas raciste en tant que telle. Mais certains policiers le sont. Le vrai sujet, c’est qu’ils ont pris en otage le reste de la maison, sur l’air de : « On lave notre linge sale en famille », « Nous, on se fait punir alors qu’eux (sous-entendu : les jeunes des cités) ne le sont pas » .Ily a une omerta interne au système,
d’autant plus étonnante que l’IGPN est extrêmement répressive... Mais ça ne se voit pas. Comme c’est un organe incestueux, elle n’est pas légitime.
De nombreux cas de violences ont été dénoncés durant le mouvement des Gilets jaunes...
On a eu une confrontation d’amateurisme. Ceux qui n’avaient jamais manifesté ont découvert la réalité du maintien de l’ordre. Et
ceux qui en avaient la charge étaient des amateurs inexpérimentés, auxquels on a donné des armes dangereuses. Cela a provoqué un très grand nombre de blessures, qui ont nourri un ressentiment de part et d’autre. Cela a beaucoup nui à l’image de la police.