Var-Matin (Grand Toulon)

Famille d’Hakim Ajimi, à Grasse : « La douleur remonte à la surface »

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

«Les mauvais souvenirs et la douleur remontent à la surface. Je ne peux pas m’empêcher de penser à mon neveu, c’est exactement la même chose. George Floyd, c’est la même scène, la même horreur. C’est une plaie ravivée pour nous et ça fait mal à toute la famille », confie Habib Labbene, l’oncle d’Hakim Ajimi. Le jeune homme avait 22 ans, le 9 mai 2008, lorsqu’il a été interpellé à Grasse par des agents de la Bac (Brigade anticrimin­alité) alors qu’il venait de gifler son banquier. Hakim Ajimi résiste violemment à l’interpella­tion et luxe l’épaule de l’un des policiers. Une fois à terre, menottes aux pieds et aux mains, il est plaqué face contre sol. Maîtrisé. Mais l’un des deux agents le maintient avec le genou, tandis que l’autre effectue une clé d’étrangleme­nt pendant de longues minutes. Le Grassois décède pendant son transport vers le commissari­at. Le rapport d'expertise médicale est sans appel : il est mort par «asphyxie mécanique », conséquenc­e d'une compressio­n thoracique bien

trop forte. Bien trop longue. En 2012, les deux policiers de la Bac sont condamnés à 18 et 24 mois de prison avec sursis pour homicide involontai­re. Un policier municipal avait écopé de 6 mois de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger. Des peines confirmées en appel en 2013. « L’affaire Floyd me révolte, ça se passe aux États-Unis mais cela peut se passer en France, la preuve avec Hakim. Mon neveu ne représenta­it plus une menace, il était à terre... C’était de l’acharnemen­t et cela devrait être sévèrement puni. On s’associe à la peine et à la révolte de la famille de George Floyd », lâche Habib. Mais pas question pour lui

de généralise­r : « On n’est pas contre la police bien au contraire, on est contre ce type de pratiques, contre les débordemen­ts, contre les bavures. » Même discours pour Hatem Ajimi,

l’un des frères d’Hakim : « Il n’est pas question de dire que cela concerne tous les policiers. C’est une infime minorité, mais elle peut salir toute la profession. » Il souffle : « Ce que nous voulons c’est que lorsqu’un policier dérape à ce point, jusqu’à tuer quelqu’un, il soit puni en conséquenc­e. » Et de regretter : «On pense que pour mon frère la justice n’est pas passée correcteme­nt, ils n’ont eu que du sursis. » Hatem Ajimi

reprend son souffle : « Ce qui s’est passé aux États-Unis a profondéme­nt touché ma famille. Voir les images de George Floyd nous a remis en mémoire ce qu’a subi mon frère. Nous sommes solidaires de la famille de cet homme, car nous sommes passés par la même douleur. Et nous sommes solidaires des manifestan­ts contre les violences policières. »

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Archives X.G) (Photo L’entourage du Grassois avait manifesté pour demander justice puis tenté de faire interdire les clés d’étrangleme­nt lors d’une interpella­tion.

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