Var-Matin (Grand Toulon)

Mesures sanitaires strictes : l’Ehpad face à la grogne

Tonus Vitamine, maison de retraite médicalisé­e dracénoise, suscite la colère de plusieurs familles de résidents. Elles pestent contre le refus d’ouvrir plus largement la structure aux visiteurs

- ROMAIN ALCARAZ ralcaraz@nicematin.fr

La scène se déroule devant les portes du jardin de la maison de retraite Tonus Vitamine, à l’ouest de la ville. La cogérante, Lisa Chauvin, échange avec les familles de résidents, en colère depuis quelque jours contre les mesures sanitaires strictes appliquées par l’établissem­ent d’hébergemen­t pour personnes âgées dépendante­s (Ehpad). À savoir une série de limitation­s qui empêche une visite libre du site. Le ton n’est pas franchemen­t apaisé. Comment pourrait-il l’être ? Ces trois familles, à l’initiative d’une pétition contre l’établissem­ent, n’en peuvent plus d’être mises à l’écart de leurs proches. Florence Aillet en tête. La dame souhaite voir sa mère, 99 ans, résidente de Tonus Vitamine. Régulièrem­ent. Tous les jours. Depuis le confinemen­t, et malgré le déconfinem­ent, elle se voit opposer un refus ferme. «Des visites une fois par semaine, dans le jardin, et dans le respect des mesures sanitaires, sont proposées », souligne la cogérante. Insuffisan­t pour Florence.

« Ma mère peut partir à tout moment »

Quand elle prend la parole, on ne peut douter de la sincérité de sa démarche. « Ma mère peut partir à tout moment. On risque de ne plus voir nos proches comme on les a connus. Peut-être qu’on m’annoncera un matin qu’elle est morte. » La voix, jusqu’ici assurée, tremble un peu. « Ce n’est pas ce que je souhaitais pour la fin de vie de ma mère. » Comment ne pas comprendre la colère de Florence ? Comment ne pas comprendre celle des autres familles qui montrent les portraits des proches que défigure le confinemen­t ?

Lisa Chauvin, malgré le ressentime­nt qu’elle nourrit vis-à-vis de ces familles « parfois agressives », affirme les comprendre. C’est d’ailleurs la première chose qu’elle dit : « Ce qu’il se passe, c’est de l’émotionnel, de l’affect. On a conscience que c’est difficile et douloureux de ne pas pouvoir être présent au quotidien auprès de sa famille. » Reste que l’empathie n’est pas le seul paramètre qui entre en ligne de compte. On l’aura compris, la problémati­que est du genre complexe. Chacun ayant ses raisons que la raison ignore parfois. Une chose est sûre : la crise sanitaire n’aide en rien la résolution de conflits de ce type.

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(Photos Sophie Louvet) Entre les familles (à gauche) et la direction de l’établissem­ent (à droite), le dialogue tourne court. Mais reste ouvert.

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