Dans le Var l’autre Marie-Madeleine
Après la Sainte-Baume et la grotte de sainte Marie-Madeleine, la commune de Saint-Maximin est connue pour abriter ce haut lieu de pèlerinage lui aussi dédié à l‘« apôtre des apôtres »
Pour « comprendre cette basilique, il faut comprendre qui est MarieMadeleine et comment elle a aimé Jésus, tel que le décrit l’Évangile. Ces pierres en sont une transcription. » En ces termes, le père Florian Racine, recteur des lieux depuis sept ans, résume l’essence de la basilique SainteMarie-Madeleine, à Saint-Maximin. L’histoire de ce haut lieu de pèlerinage débute lorsque, en 1279, Charles d’Anjou retrouve sous la dalle de ce qui est une ancienne église romane, des sarcophages paléochrétiens. L’un d’eux, réalisés dans un marbre plus précieux que les autres, est identifié comme celui de Marie-Madeleine. La première pierre ne sera posée qu’en 1295. En même temps que l’installation des frères dominicains dans la région. Ils deviendront d’ailleurs, les « gardiens de la Sainte-Baume ». La construction, en plusieurs phases, durera 236 ans et, lorsqu’en 1532, les travaux sont arrêtés, le bâtiment n’est pas achevé. Le portail, la grande porte d’entrée avec sa rosace, symbole des églises, le clocher, ne seront pas réalisés. « C’est aussi pour cela que l’on dit de la basilique qu’elle ressemble, de loin, à un grand navire échoué en terres provençales. Elle nous renvoie à la tradition selon laquelle Marie-Madeleine et ses amis, chassés de la Terre sainte, sont arrivés en bateau aux Saintes-Maries-de-la-Mer, afin d’évangéliser cette partie de la Provence. » C’est dans la grotte de la Sainte-Baume que celle que l’on appelle « l’apôtre des apôtres » – car elle est la première à avoir vu le Christ ressuscité, la première à avoir annoncé sa résurrection – aurait ensuite vécu jusqu’à sa mort. La crypte, située sous la sixième travée, abrite des trésors de la chrétienté en Provence : différents sarcophages d’abord, datant du IVe et du Ve siècles. « Ils ont remplacé les premiers tombeaux des saints. » Sur l’un d’eux, figure
(1) d’ailleurs l’une des rares représentations de la crèche à l’époque. Au centre, le reliquaire où est protégé le crâne de Marie-Madeleine. « Ce reliquaire n’est pas d’origine », poursuit le père Florian Racine. C’est une copie d’un reliquaire ancien qui avait été dégradé. Celui présenté remonte au XIXe siècle et a été réalisé d’après des gravures anciennes. Au côté du crâne de Marie-Madeleine, des reliques de Marthe et Lazare, frère et soeur de l’apôtre des apôtres et surtout, le Noli me tangere, relique de la résurrection (2).
Monuments historiques
En remontant la nef, il suffit de lever les yeux pour découvrir les trésors d’architecture dont regorge le bâtiment. Ici, tout le mobilier liturgique a été réalisé par les frères dominicains. Le choeur est un écho baroque, par sa conception, à l’architecture gothique de l’édifice. « Mais il reste, en tous points, un lieu de prière et de recueillement », ajoute par ailleurs le père Florian Racine. La chaire de Marie-Madeleine, en noyer sculpté, est classée sur la liste des Monuments historiques de France.
Face au choeur, au-dessus de la porte d’entrée, l’orgue Isnard, classé lui aussi Monument historique, date de 1774. Depuis son installation, un seul de ses tuyaux de façade a été changé. Mais il a gardé sa sonorité baroque du XVIIIe siècle. Seul absent : le retable de la passion du Christ, lui aussi classé Monument historique et peint par le peintre niçois Antoine Ronzen, est actuellement en restauration. Pour participer à sa sauvegarde et sa restauration, l’association Les Amis de la basilique travaille aux côtés de
(3) la ville de Saint-Maximin. D’ailleurs, les travaux de rénovation du choeur devraient débuter à l’automne prochain.
Basilique Sainte-Marie-Madeleine. , place de la Mairie, à Saint-Maximin. Ouvert tous les jours. Règles de sécurité sanitaire à respecter.
1. Le premier tombeau est le Saint-Sépulcre à Jérusalem. La basilique Saint-Pierre à Rome est le deuxième tombeau. Tous les tombeaux des apôtres sont appelés « troisième tombeau ». 2. Dans l’Évangile, quand Marie-Madeleine rencontre le ressuscité, elle veut saisir les pieds de Jésus une dernière fois. Or, ce dernier la repousse en touchant son front : « C’est cette partie de peau touchée par Jésus ressuscité, qui est vainqueur de la mort, et a toujours été vénérée. »
Elle s’est détachée en 1780 au moment d’une manipulation du crâne, et a été placée ensuite par cette ampoule. La partie du crâne est restée plus claire. 3. Rens. www.lesamisdelabasilique.fr
Ci-dessus : le reliquaire de Marie-Madeleine est une copie d’original. Il date du XVIIIe siècle. Ci-dessous : l’une des rares représentations de la crèche en Provence est visible sur l’un des sarcophages présents dans la crypte.