Band of Brothers les frères de larmes
Dans la foulée de Soldat Ryan, Tom Hanks et Steven Spielberg ont porté à l’écran LA série sur le Débarquement allié de Normandie
Il y a des moments cinématographiques qui marquent une vie. Comme cette première demi-heure du film de Steven Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan, au cinéma UGC de Rosnysous-Bois. C’était en octobre 1998 et la séquence du Débarquement sur les plages de Normandie sur grand écran reste un must see .Une claque. Deux ans plus tard, surfant sur le succès du film, Tom Hanks et Steven Spielberg, appuyés par HBO, ont décidé de porter à l’écran, pour les besoins d’une mini-série Band of Brothers, une adaptation du livre éponyme de Stephen E. Ambrose. Il s’agit d’un recueil de témoignages de vétérans qui racontent l’épopée de la 101e division aéroportée de parachutistes américains, la compagnie E, plus connue sous le nom de « Easy Company ». Dans une narration chronologique, on suit l’évolution d’une quinzaine de soldats de la « Easy » de leur entraînement en Georgie en 1942 jusqu’à la fin de la guerre. Le récit se concentre majoritairement sur la période 1944-1945, à partir du moment ou la 101e a posé le pied en Europe. On y aborde le D-Day, la bataille des Ardennes (l’épisode consacré à Bastogne est une dinguerie), l’opération Market Garden, la découverte des camps de la mort mais aussi la prise du Nid d’aigle d’Hitler, à Berchtesgaden. Près de vingt ans après sa sortie, la série reste une valeur refuge. De par sa capacité à coller aux faits car la production a été réalisée sous le contrôle d’historiens et chaque épisode est précédé de témoignages de vétérans.
Mais aussi par son côté esthétique unique. Il faut dire que l’enveloppe de départ est pharaonique : cent vingt millions de dollars de budget, cinq cents acteurs, dix mille figurants. Band of Brothers n’est pas qu’une simple série sur la Seconde Guerre mondiale, c’est avant tout une histoire humaine.
Centre de formation pour de jeunes acteurs
Celle de garçons venus de tous les recoins américains, avec des conditions sociales, religieuses, idéologiques différentes et qui n’avaient aucune raison de se côtoyer. Et puis le destin a envoyé ces gamins du Wisconsin, du New Jersey, de l’Illinois, de Californie et de Virginie sur les plages de Normandie. Band of Brothers, c’est ça. Une ode à la fraternité. « Nous avons essayé de montrer que tous ces combattants étaient des hommes ordinaires qui, sans le vouloir, sont devenus des héros de l’Histoire », disait d’ailleurs Tom Hanks en 2001. D’un point de vue artistique, on se rend compte avec le recul de la qualité du casting, comme si la série avait servi de centre de formation pour de jeunes acteurs devenus aujourd’hui des CV qui pèsent à Hollywood : Tom Hardy, Damian Lewis, Michael Fassbender, Simon Pegg, James McAvoy, Jimmy Fallon, Dominic Cooper. Motivé par le succès, HBO va remettre ça huit ans plus tard sur une autre thématique : la guerre du Pacifique. C’est ainsi qu’en 2010, The Pacific débarque sur nos écrans et emprunte exactement la même narration et la même mise en scène que Band of Brothers. La série retrace le destin de trois soldats, membre de la première division de Marines, engagés sur le théâtre des opérations pacifiques durant la Seconde Guerre mondiale :
Guadalcanal, Iwo Jima et Okinawa. Pour ce faire, la production s’est une nouvelle fois basée sur deux recueils de soldats, celui d’Eugene Sledge (With the Old Breed )etde Robert Leckie (Helmet For My Pillow).
Signe d’un réel devoir de mémoire
La série, pourtant très prenante et assez bluffante sur les parties de combats, n’a pas eu l’écho mérité en France car le conflit du Pacifique parle forcément moins que le Débarquement de Normandie. Cela étant dit, les deux séries peuvent s’apprécier indépendamment l’une de l’autre. Allant bien au-delà de l’oeuvre télévisuelle précise et intense, Band of Brothers participe à ce que l’on appelle le devoir de mémoire. Surtout au lendemain du 76e anniversaire du Débarquement.
Band of Brothers (Frères d’armes). Une saison (dix épisodes de 49 à 70 minutes). Disponible sur OCS.
The Pacific ou la suite méconnue