Son ex-compagnon et le nouveau condamnés pour violences à Monaco
L’amour à ses mots. Mais aussi ses maux évoqués par un couple de Portugais devant le tribunal correctionnel de Monaco. Après quatre ans de lune de miel, c’est la rupture. La haine de la victime contre son ex-compagnon est tenace. La jeune mère ne veut pas laisser le dernier mot à l’homme qu’elle a chéri. Parce qu’il l’a tapée à la face un 20 janvier 2019, en fin d’aprèsmidi, au moment où elle assurait le relais de la garde de leur enfant de 3 ans. Bilan : deux jours d’ITT. Devant la justice, la plaignante réclame réparation. Le prévenu, en revanche, réfute toute violence et perte de contrôle. Jusqu’à nier le traumatisme vécu par la victime car il n’a pas souvenance d’agressivité.
« Les policiers ont dû vous menotter»
« Je l’ai juste légèrement poussée afin qu’elle comprenne de ne pas s’approcher. Je voulais qu’elle s’en aille vite », avance ce plombier de Beausoleil, dans les Alpes-Maritimes, à la barre. Les marques au visage de la mère ? « C’est l’enfant qui l’a griffée… » Quant à la venue du nouveau compagnon de madame un jour d’anniversaire, elle ne serait pas fortuite : « J’ai ressenti une attitude affirmée de provocation ». Le président Jérôme Fougeras Lavergnolle s’étonne. « Madame mentirait-elle ? Sur la photo elle a des rougeurs sur les joues. Estce son fils qui les a causées ? Pourtant, un témoin affirme vous avoir vu la frapper ! Les policiers ont dû intervenir pour vous entraver, menotter et plaquer au sol : vous étiez ivre». Ce témoin est le nouveau compagnon de la victime, un artisan boulanger de 36 ans. Il est le second prévenu. Il est sorti de sa voiture afin de protéger son amie et l’enfant. Mais livre une étonnante confession. « Je regrette d’avoir donné un coup de pied au visage de ce personnage au moment où il était à terre…» Toutefois, la partie civile cède à un probabilisme qui se limite à supputer l’éventuelle raison de la colère du plombier. « Monsieur n’a pas supporté que ma cliente l’interroge sur son ivresse alors qu’il avait la garde de l’enfant.» Me Abir Chniti, du barreau de Nice, réclame un préjudice moral de 3 000 euros.
« Des sanctions lourdes doivent tomber »
Au cours des réquisitions, on perçoit le courroux de la première substitut Cyrielle Colle. « Si les rougeurs proviennent de l’enfant qui a griffé sa mère, c’est qu’il reproduit un comportement. Les violences faites aux femmes sont intolérables. Des sanctions lourdes doivent tomber. Six mois avec sursis et liberté d’épreuve pendant trois ans pour le père. Quant au boulanger, il aurait pu finir en détention avec une vengeance pure. Sans conséquence, la peine se limitera à quinze jours avec sursis.» Les deux avocates niçoises vont s’affronter afin de défendre leurs clients respectifs. La première, Me Catarina Clémente de Barros, pour le plombier, évoque une situation délétère sans gifle, ni menace, ni infraction pénale. Au plus, il a touché la victime à l’épaule gauche pour la repousser, l’éloigner. C’est un malheureux et détestable combat de coqs. La seconde estime que l’on joue sur les ambiguïtés des faits délictuels. Le tribunal a ramené à trois mois avec sursis et 1 000 euros de préjudice la peine du plombier et majoré celle du boulanger à un mois avec sursis.