Au procès du Mediator, les « excuses » et « sincères » regrets du groupe Servier
L’affaire du Mediator est un « drame
(1) considérable », a déclaré devant le tribunal correctionnel le président du groupe pharmaceutique Olivier Laureau, avant d’adresser aux «patients et à leurs familles qui ont souffert » ses « regrets extrêmement sincères et profonds ». La maison mère comparaît notamment, avec neuf sociétés du groupe, pour « tromperie aggravée », « escroquerie » et « homicides et blessures involontaires ». L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, exAfssaps) est renvoyée à leurs côtés pour avoir tardé à suspendre le Mediator, malgré des alertes répétées. « Nous avons commis une erreur d’analyse, d’appréciation du risque du Mediator qui a conduit à ce drame », a assuré Olivier Laureau, lors de « l’interrogatoire de personnalité » du groupe, destiné à évaluer le montant d’éventuelles amendes ou versements d’indemnités en cas de condamnation.
Verdict l’année prochaine
« Le groupe a réagi en indemnisant d’abord les patients qui avaient souffert, et en procédant à des évolutions afin d’éviter qu’un tel drame puisse se reproduire. Ce qui est arrivé est à l’inverse de ce qui est notre raison d’être », a affirmé le président de Servier. «Les témoignages [de victimes, Ndlr] à cette barre ont profondément marqué l’ensemble des 22 000 collaborateurs du groupe », a encore affirmé Olivier Laureau, au dernier jour des débats de ce procès-fleuve, entamé le 23 septembre. Les plaidoiries des parties civiles débutent aujourd’hui, et les réquisitions du parquet sont attendues les 23 et 24 juin. La défense aura la parole à partir du 29 juin. Le jugement sera mis en délibéré et rendu en 2021, avait annoncé le 2 juin la présidente du tribunal Sylvie Daunis, lors de la reprise du procès après deux mois et demi d’interruption. 1. Présenté comme un antidiabétique mais largement prescrit comme coupe-faim, le Mediator a été utilisé par plus de cinq millions de personnes pendant les 33 ans de sa commercialisation, jusqu’à son retrait du marché en novembre 2009. Il est accusé d’avoir provoqué de graves lésions cardiaques et de nombreux décès. Les laboratoires Servier sont soupçonnés d’avoir sciemment dissimulé les propriétésanorexigènesetlesdangereuxeffetssecondaires du Mediator, ce dont la firme s’est toujours défendue.