Var-Matin (Grand Toulon)

Le monde d’après sera-t-il pire que le monde d’avant ?

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

En , Emmanuel Macron avait fustigé le monde ancien pour annoncer qu’avec lui un nouveau monde verrait le jour. On a vu ! Quand est survenue la crise des « Gilets jaunes », le neuf s’est mis à ressembler au vieux, et nous n’en sommes plus sortis. Avec la pandémie, le chef de l’État a trouvé une nouvelle formule : il nous faut préparer « le monde d’après ». Il s’y attache d’ailleurs ces jours-ci, consultant think tanks de tous bords et parlementa­ires pour dessiner «un nouvel horizon ». Valse de grands mots qui, une fois de plus, pourrait se fracasser sur le mur de la réalité. La première est rude. Dans l’Union européenne, la France va connaître cette année la récession la plus forte. Le chiffre est signé Bruno Le Maire : notre Produit intérieur brut va chuter de  % en . Une dégringola­de sans précédent. Les conséquenc­es en sont si lourdes que « le monde d’après », sans jouer les Cassandre, pourrait être pire que le monde d’avant. Certes, le gouverneme­nt, non sans raison, fait aujourd’hui voltiger les milliards d’euros, se transforma­nt en pompier volant pour sauver dans l’urgence des pans entiers de l’économie : l’aéronautiq­ue, l’automobile, le tourisme, etc. Mais ce robinet d’argent n’est pas miraculeux. Il faudra bien assumer les conséquenc­es de ces dépenses. La principale sera des déficits budgétaire­s abyssaux, avec pour corollaire une dette de plus en plus lourde. La charge sera-t-elle supportabl­e pour les génération­s futures que, dans son programme de , Emmanuel Macron voulait mettre à l’abri des déficits accumulés depuis tant d’années ? Ici et maintenant, nous payons très cher nos errements budgétaire­s passés. La France s’est ainsi affaiblie. Elle demeure la e puissance du monde, mais le sera-t-elle encore dans le monde d’après ? Les défis à relever sont si considérab­les, à commencer par le chômage qui s’est envolé en avril et ne peut que s’aggraver dans les prochains mois, avec un cortège de faillites à venir. Il ne s’agit pas de voir tout en noir, mais seul un langage de vérité peut permettre de surmonter cette épreuve. La situation est telle que le pouvoir en est à se demander s’il pourra financer les promesses qu’il a faites au monde de l’hôpital. Ne pensionsno­us pas encore en ce début d’année avoir le meilleur système de santé du monde ! Le ciel, là aussi, nous est tombé sur la tête. Ce n’est donc pas en lui racontant des histoires sur le monde d’après que la France surmontera cette épreuve mais en s’occupant de la réalité du présent, en reconnaiss­ant ses faiblesses de toujours et en utilisant au mieux des atouts qui, heureuseme­nt, demeurent.

« Il ne s’agit pas de voir tout en noir, mais seul un langage de vérité peut permettre de surmonter cette épreuve. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France