La brousse du Rove protégée des contrefaçons
Ce fromage au lait de chèvre fermier, spécifique de notre région, vient d’obtenir l’appellation d’origine protégée. Une garantie d’authenticité pour le consommateur
Avec ses cornes torsadées en forme de lyre, la chèvre du Rove est « la plus belle race du monde » selon Luc Falcot. Chaque jour, il emmène son troupeau paître entre sa bergerie laiterie de Cuges-les-Pins et les collines voisines du Castellet ou de Signes. Une promenade d’une dizaine de kilomètres pour que cet animal rustique se nourrisse de la végétation dans la garrigue. Chêne kermès, romarin, genêt et autres plantes aromatiques… Cette alimentation donne un goût incomparable à son lait, élément de base d’une spécialité : la brousse du Rove. Deux ans après avoir obtenu l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) par l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), elle bénéficie depuis quelques jours de l’Appellation d’origine protégée (AOP), au niveau européen.
Un moyen de lutter contre la contrefaçon
L’AOP, qui reprend le cahier des charges de l’AOC, reconnaît un produit, un savoir-faire, un territoire. Celui de la brousse du Rove se limite à 131 communes, 97 dans les Bouches-du-Rhône, 24 à l’extrémité sud du Vaucluse, et 10 dans l’ouest du Var : Le Beausset, La Cadière-d’Azur,
Le Castellet, Évenos, Pourcieux, Pourrières, Riboux, Saint-Zacharie et Signes. Ils ne sont que sept opérateurs habilités par l’appellation, car travaillant dans les règles de l’art : avec du lait frais, de la race du Rove uniquement, une alimentation en pâturage, aucun organisme génétiquement modifié (OGM) . « Le seul endroit où l’on fabrique de la brousse du Rove ce sont les coteaux des Bouches-du-Rhône, les contreforts du Lubéron et l’ouest du Var. Or c’est là qu’on en consomme le plus et qu’on trouve la contrefaçon » explique François Borel, président du groupement des producteurs de brousse du Rove. L’appellation consacre le terroir et permet de lutter contre cette concurrence déloyale.
produites, vendues
L’an dernier, près de 290 000 brousses du Rove ont été produites, « mais il s’en vend plus de 800 000, notamment sur les marchés des villes de la Côte, selon Luc Falcot, viceprésident du groupement. On a tout vu. Il peut y avoir des chevriers indélicats mais des gens en fabriquent dans leur garage en toute illégalité. Certains en font avec du lait d’autres races de chèvre, d’autres avec du lait de vache, voire du lait en poudre ! » Depuis que l’AOC existe, les fraudeurs sont plus prudents. « Ils appellent ça brousse véritable, brousse maison, autant de termes qui entretiennent la confusion, dit-il. Le groupement a signalé des produits suspects à la direction des populations ». Pour le consommateur, outre l’étiquette AOC ou AOP, le meilleur moyen de ne pas être grugé est d’acheter directement à la ferme, en Amap ou chez un fromager ayant pignon sur rue. Ne reste plus qu’à se régaler.