Var-Matin (Grand Toulon)

SES JARDINIERS DU CORAIL

La monitrice de plongée toulonnais­e s’est formée à la réhabilita­tion des récifs coralliens. Elle transmet aujourd’hui ses connaissan­ces à travers l’associatio­n Ocean Quest France.

- AMANDINE ROUSSEL amroussel@nicematin.fr

Depuis plusieurs années, Sandrine et son compagnon nourrissen­t un projet : celui de faire le tour du monde en voilier. Mais pas juste comme ça, en touristes… La Toulonnais­e tient à ce que le voyage soit « utile » et délivre un message. Notamment écologique. Elle se renseigne. Évalue quelle cause son projet pourrait embrasser. Elle s’intéresse au corail. Le corail tropical précisémen­t, mis à mal notamment par le réchauffem­ent climatique. Et tellement nécessaire pour nourrir les poissons, leur offrir un abri, et surtout apporter, grâce à la photosynth­èse, de l’oxygène à la mer. « Cette source d’oxygène est aussi extrêmemen­t importante pour nous, 90 % de celui qu’on respire vient de la mer », pose Sandrine. La monitrice de plongée

– elle a ouvert Toulon Plongée en 2010 – a trouvé son cheval de bataille. Mais aussi son mentor en la personne d’Anuar

Abdullah. « Il a fondé l’associatio­n Ocean Quest Global. Originaire de Malaisie, c’est un scientifiq­ue très concerné par l’environnem­ent et les fonds marins. Il a développé une technique spécifique et totalement naturelle pour réhabilite­r le corail tropical. »

Cette méthode, Sandrine y a été initiée lors d’un stage auprès du maître en 2018 en Asie. « Quand je suis rentrée, j’étais ultra-enthousias­te. Tellement que j’ai décidé de fonder la branche française d’Ocean Quest avec des proches. »

Aujourd’hui, elle n’occupe plus de fonction au sein de la structure. Elle en est l’instructri­ce. C’est elle qui forme en France tous les aspirants jardiniers du corail. « Et même les futurs formateurs

« C’est la seule méthode totalement naturelle qui existe. »

», déclare-t-elle, le sourire vissé au visage. À l’origine, les stages se déroulaien­t en terres lointaines, là où

il y avait du corail tropical. « Mais avec le coût du voyage, cela limitait l’accès. Or l’idée, c’est de former un maximum de monde à la réhabilita­tion. Après des recherches, je suis tombée sur l’espèce cladocora, un corail qui s’apparente au tropical dans le sens où lui aussi fait la photosynth­èse et qui se trouve en Méditerran­ée. »

Parfait donc pour réhabilite­r et replanter du corail dans le coin !

Deux jours de formation

Un week-end par mois, Sandrine emmène donc ses élèves au large de Toulon pour « jardiner ». «On récupère du corail cassé mais vivant. On le replante sur un substrat [généraleme­nt un rocher,

Ndlr] avec de la colle qui se dissout rapidement et on ajoute un catalyseur naturel, une recette d’Anuar Abdullah. Avant de remettre le tout au fond de l’eau. »

Il faut agir minutieuse­ment à la pince et rapidement, pour éviter que le corail ne sèche. L’idée c’est qu’une fois cette formation effectuée, l’élève puisse aller sur des missions à travers le monde. Missions régulières « L’associatio­n Ocean Quest Global en propose très souvent. J’y participe régulièrem­ent moimême. Je vais par exemple tous les deux mois en Asie, plus précisémen­t du côté de Maya Bay. C’est la plage du film The Beach avec Leonardo DiCaprio. Nous avons planté là-bas quelque 25 000 coraux. C’est la preuve que la méthode marche ! » Des actions sont aussi régulièrem­ent menées du côté des Antilles. Sandrine insiste : « l’objectif est d’avoir un effet boule de neige. Plus le nombre de personnes formées sera important, mieux ce sera pour le corail. »

Pour participer, il faut un niveau 1 de plongée, avoir un week-end de libre et débourser 150 euros. En deux ans, Sandrine a permis à quelque 44 personnes de devenir officielle­ment « jardinier du corail ».

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Sandrine (à droite) apprend à ses jardiniers à réhabilite­r le corail au large de Toulon.
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(DR)

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