Var-Matin (Grand Toulon)

ENFIN TOULONNAIS

Le Suffren a rejoint son port d’attache Les essais vont se poursuivre jusqu’en novembre

- PIERRE-LOUIS PAGÈS

Cela fait une petite vingtaine d’années que le port militaire de Toulon n’avait plus vu le Suffren. Dernier navire de guerre à porter le nom du Bailli, célèbre marin du roi Louis XV, la frégate lance-missiles, reconnaiss­able à son énorme « boule », a en effet été retirée du service actif en 2001. Depuis, plus rien… Mais après deux décennies « d’oubli », la Marine nationale a renoué avec une vieille tradition. Et la relève est enfin arrivée, mardi, sous la forme d’un… sousmarin.

Modèle conforme aux attentes

Huitième navire de guerre à porter cet illustre nom, le Suffren est en effet le tout premier sousmarin nucléaire d’attaque (SNA) de nouvelle génération, plus connu jusqu’à maintenant sous le nom de programme Barracuda. Construit à Cherbourg où il a été mis à l’eau en août 2019, le bateau noir a donc rejoint Toulon, son port d’attache, en début de semaine. Une arrivée sans tambour, ni trompette. Rien d’étonnant pour ces submersibl­es qui font de la discrétion l’une de leurs principale­s qualités et la clef de la réussite de leurs missions. Pour un oeil non expériment­é, rien ne ressemble plus à un SNA français qu’un autre SNA français. Les baigneurs qui nageaient dimanche au bord des plages du Mourillon (le Suffren avait fait ce weekend une brève apparition en grande rade de Toulon) ont pu s’en rendre compte. À en croire les spécialist­es, que ce soient leurs concepteur­s ou leurs utilisateu­rs, les marins, les sous-marins Barracuda sont pourtant bien différents des Rubis qu’ils sont appelés à remplacer progressiv­ement. « Avec les essais à la mer commencés le 28 avril dernier, on a une première vision de ce que les SNA Barracuda sont capables de donner comme capacités. Et ils sont meilleurs que les Rubis », affirme d’ores et déjà le capitaine de frégate Axel Roche, premier commandant du Suffren.

Des essais jusqu’en novembre

« On est content de constater que ce qu’on a réussi à faire correspond à ce qu’on avait prévu, notamment grâce à l’utilisatio­n d’un jumeau numérique », renchérit Hervé Glandais, directeur du programme Barracuda chez l’industriel Naval Group. Mais le Suffren n’a pas encore livré toutes ses promesses. S’il doit être remis à la Marine nationale en fin d’année, les essais à la mer devraient continuer jusqu’au mois de novembre. « Ça peut paraître long, mais le Suffren est le premier d’une série de six SNA. C’est en quelque sorte un prototype. On est satisfaits des premiers essais à la mer, mais on se doit d’être exigeant et de vérifier que les performanc­es réelles de la plateforme et des différents équipement­s correspond­ent aux simulation­s », précise l’ingénieure en chef de l’armement Julie (1), directrice du programme Barracuda pour la Direction générale de l’armement (DGA). « La plateforme fonctionne bien. Avec la combinaiso­n de barres de plongée rétractabl­es (placées sur l’avant de la coque et non plus sur le kiosque) et des barres arrières disposées en croix de Saint-André, le Suffren est d’une très grande manoeuvrab­ilité et discrétion acoustique », se félicite l’ingénieur Pierre (1), responsabl­e des essais à bord du SNA. Désormais, il va falloir tester les systèmes d’armes. Notamment les torpilles et les missiles antinavire SM-39. Sans oublier le missile de croisière naval. Des tirs qui auront lieu au large de l’Île du Levant pour les deux premiers armements et au centre d’essai des Landes à Biscarross­e pour le dernier.

1. Pour des raisons de sécurité, seul le prénom est donné.

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(Photo Marine Nationale) Au lendemain de l’arrivée du SNA Suffren à Toulon, la Marine nationale, la Direction générale de l’armement et Naval Group ont tenu une conférence de presse hier en début d’après-midi dans l’enceinte de la base navale. Mais les journalist­es présents n’ont pas encore eu l’occasion de monter à bord du tout nouveau submersibl­e.
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