Var-Matin (Grand Toulon)

Comment Nice protège ses chauffeurs

- CLÉA JOUANNEAU

Le bus est bloqué sur la ligne 5 par une camionnett­e sur la voie ? Et bah klaxonne pour qu’il

s’en aille ! » Dans le poste de commande centralisé de la Régie Ligne d'azur (RLA), qui gère le réseau urbain de la métropole, une petite dizaine de régulateur­s s’activent. Ils ont parfois une oreille collée au téléphone, les yeux toujours rivés sur les multiples écrans installés dans la pièce. Leur rôle ? S’assurer, grâce à la vidéosurve­illance et à un lien avec les chauffeurs, que les horaires de tous les trajets de bus et de tram soient respectés.

520 caméras dans les rames de tram

Dans le coin gauche de cette grande salle, deux maillots rouges tranchent avec les chemises blanches des régulateur­s : ceux des agents du Groupe sûreté contrôle transport (GSCT), obnubilés par les images des stations de tram souterrain­es. Ces quelque 130 agents veillent particuliè­rement à la sécurité des voyageurs et des conducteur­s, aussi bien en patrouilla­nt sur les quais qu’à distance. 520 caméras sont installées à l’intérieur des rames des lignes 1, 2 et 3 de tram. Leurs images sont également envoyées en temps réel au centre de supervisio­n urbain, l’oeil omniscient de la Ville.

Conduire, pas faire la police

« La convention sécurité dans les transports de la Métropole nous permet de travailler de concert avec la police nationale et municipale, en partageant nos informatio­ns », informe le directeur de production de RLA, Christophe Kaminski. En plus du GSCT, les forces de l’ordre patrouille­nt régulièrem­ent et indépendam­ment

dans les transports en commun. Derrière tout ce « dispositif

de dissuasion », un objectif : que les chauffeurs se concentren­t sur la sécurité de leurs passagers, sans s’inquiéter pour eux-mêmes ou avoir à gérer des incivilité­s. Le message est clair : les 873 chauffeurs de bus et de tram ne sont pas là pour faire la police.

En cas de fraude, ne rien faire

En cas de problème, un conducteur de bus peut « faire

un détresse », envoyer un signal d’alerte au poste de commandeme­nt. Le système déclenche alors les micros de la cabine du conducteur et le régulateur « fait intervenir la brigade mobile d’interventi­on si cela semble nécessaire », détaille Christophe Kaminski. Le chauffeur peut également se protéger derrière une « vitre anti-agression

» escamotabl­e. En cas de fraude ou de nonport de masque, il n’est pas question d’empêcher le bus de partir. « Les autres passagers n’ont rien demandé, et risquent de s’en prendre au conducteur. Le bus ne peut pas rester immobile en pleine voie, ça pourrait créer un danger. » Le chauffeur est donc invité à faire un signalemen­t et à rester à son poste de conduite. Un fonctionne­ment que déplore Alain Venieris, responsabl­e syndical CFDT (minoritair­e) : « Nous, conducteur­s, on n’est plus maîtres à bord. On n’a aucune autorité pour faire respecter la réglementa­tion. Il faut laisser tout faire, on doit juste conduire. S’il y a un problème, j’interviens car c’est le devoir de tout citoyen. Mais on sait que si on le fait, on risque de prendre la porte, si ce n’est la tombe. »

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(Photos Éric Ottino) Depuis le poste de commande centralisé du réseau de transport, les agents du Groupe sûreté contrôle transport (GSCT) veillent à la sécurité des voyageurs et des conducteur­s.

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