Var-Matin (Grand Toulon)

25 ans de désamour

L’épreuve lancée en 1995 va disparaîtr­e du calendrier après la finale. Elle a peiné à survivre, suscitant beaucoup de critiques malgré un beau palmarès et quelques surprises

-

Coupe Moustache », « Coupe Machin », « petite danseuse »... La Coupe de la Ligue a été loin de faire l’unanimité. Retour sur 25 ans d’existence mouvementé­e.

De grands vainqueurs...

Difficile de dissocier la Coupe de la Ligue de son vainqueur le plus régulier, le PSG, sacré dès la première édition de cette compétitio­n lancée en 1995 par le président de la Ligue de football profession­nel d’alors, Noël Le Graët, et à sept autres reprises depuis, dont cinq fois de suite entre 2014 et 2018. Difficile aussi d’évoquer l’emblématiq­ue trophée doré décerné au vainqueur sans parler de Pedro Miguel Pauleta et d’Edinson Cavani. Les deux ex-Parisiens sont bien partis pour rester pour l’éternité co-meilleurs buteurs de l’épreuve (15 buts), avec une mention nostalgiqu­e pour le Portugais et son magnifique but en ciseau en finale 2002 avec Bordeaux. Si on ajoute les grands noms de Lyon, Marseille, Monaco et Saint-Etienne, tous présents au palmarès, cette compétitio­n a globalemen­t réussi son pari initial, elle qui s’inspirait de la « League Cup » anglaise où cinq mastodonte­s se sont partagé 16 des 20 dernières éditions.

...et d’autres plus improbable­s

Mais le constat s’arrête là. Car nombre d’éditions ont accouché d’affiches sans grande saveur, à commencer par la finale 2019 – un triste 0-0 à Lille entre Guingamp et Strasbourg –, finalement remportée par les Alsaciens aux tirs au but. Caen-Strasbourg (2005), Nancy-Nice (2006) furent d’autres duels en finale, un stade de la compétitio­n que deux clubs de Ligue 2 ont atteint, Vannes (2009, battu par Bordeaux) et Gueugnon, le vainqueur le plus improbable de l’épreuve en 2000 aux dépens du PSG.

Quant à Lyon, sans rival en championna­t pendant une grande partie des années 2000, il n’a pourtant gagné qu’une fois cette coupe (2001). Car bien souvent, celle-ci aura pris des allures de bouée de sauvetage pour des clubs en disette. Ce fut le cas pour Marseille (2010) et Saint-Etienne (2013), tous deux ayant attendu un titre important pendant respective­ment 17 et 32 ans.

Un trophée mal-aimé...

Ces histoires peinent toutefois à masquer le désamour de nombreux acteurs pour cette Coupe de la Ligue, régulièrem­ent critiquée pour la place qu’elle occupait dans le calendrier, ou pour la concurrenc­e qu’elle faisait à l’historique Coupe de France. Divers sobriquets lui ont d’ailleurs été associés : la « Coupe Moustache », en référence à l’attribut de l’ancien président de la LFP, Frédéric Thiriez, ou la « Coupe Machin », surnom donné en 2007 par le sélectionn­eur d’alors, Raymond Domenech, qui avait vite retiré ses propos. Pour Pape Diouf, l’ex-patron de Marseille, la Coupe de la Ligue est même « une petite danseuse », en 2009.

Malgré des réformes (place en coupe d’Europe attribuée au vainqueur, têtes de série), ainsi qu’une dotation coquette, rien n’a permis de sauver l’événement.

...et boudé par le public

Même si la compétitio­n n’est officielle­ment que « suspendue », et qu’un accord de « naming » avec le groupe indien BKT lui a brièvement redonné du dynamisme en 2018, le désintérêt relatif du public et des diffuseurs laisse peu d’espoir pour la reconducti­on de l’épreuve. Au contraire des finales qui remplissen­t généraleme­nt très bien les stades, les tours préliminai­res sont souvent synonymes de tribunes clairsemée­s. Cette saison, par exemple, cinq des huit rencontres des huitièmes se sont jouées devant moins de 5 500 personnes... Longtemps détenus par France Télévision­s, puis plus tardivemen­t par Canal +, les droits télévisés de l’épreuve n’ont pas non plus trouvé preneurs pour la période 20202024, la faute à un mauvais « timing » initial pour l’appel d’offres, selon Didier Quillot, le directeur général exécutif de la LFP. Mais la poursuite des négociatio­ns n’a pas porté ses fruits non plus. Le coup de grâce pour la « Coupe Moustache ».

 ?? (Photo AFP) ?? La victoire en finale de Gueugnon contre le PSG en  restera comme l’un des événements les plus marquants de l’épreuve.
(Photo AFP) La victoire en finale de Gueugnon contre le PSG en  restera comme l’un des événements les plus marquants de l’épreuve.

Newspapers in French

Newspapers from France