JACQUES GANTIÉ
Quand on est numéro un au World’s 50 Best Restaurants et 3 étoiles au Michelin ,le cahier de réservations devient incandescent, louanges et rejets montent d’un cran, une autre vie commence. En 2006, j’ai connu un Mirazur pas plus haut qu’un panier de courgettes où Mauro Colagreco dégainait des plats fulgurants. Aujourd’hui, sur le toit du monde, il ouvre une page nouvelle, la « cosmo cuisine ». Menton lui offre son microclimat et cinq jardins laboratoires, lui ajuste le message : proximité de la nature, produit local, biodynamie, respect du calendrier lunaire. Tout commence au jardin du Mirazur avec un panier pique-nique, l’accueil aux petits soins façon déjeuner sur l’herbe puis la montée au restaurant à la vue panoramique sur le Vieux Menton. Je n’ai pas tout saisi de l’influence du cosmos sur mon reste d’énergie et me suis un peu embrouillé dans les jours Feuilles, Racines, Fleurs ou Fruits des quatre « Univers Mirazur », mais je me souviens avec émotion de la tarte aux oronges, comme un origami, cuvée Mademoiselle M du Pouilly-Fumé d’Alexandre Bain, des haricots du jardin et crème de caviar osciètre, déjà « signature », du pigeon périgourdin à l’exacte cuisson, aubergine et risotto de petit épeautre.
Le soleil, la lune et les étoiles guidaient ce menu de juillet et, de l’émietté de tourteau, carpaccio de pêche blanche et amande fraîche, jusqu’au dessert alliant concombre et fraises de Carros au mascarpone, il y avait toute la légèreté virtuose de Mauro Colagreco. Alors qu’on enterre un peu vite la gastronomie et ses recherches, il confirme sa libre création, l’ultra sensibilité de ses plats, son alliance avec le terroir mentonnais. Et le Mirazur reste fondamentalement le même. Une table d’art et d’essai qui séduit, s’enracine et colle à son époque.
30, avenue Aristide Briand, à Menton. Menus 160 (seulement à midi en semaine) et 260 (neuf plats). Fermé lundi et mardi. Tél. 04.92.41.86.86.
Nature, terroir, recherche