Var-Matin (Grand Toulon)

Le Var fait le plein, des vacanciers prudents

Privés d’une grande partie de la clientèle étrangère du fait de la crise sanitaire, les profession­nels varois du tourisme espèrent compter sur des vacanciers hexagonaux pour l’instant prudents

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Un bout du remblai, il n’en fallait pas plus à Jacques pour garer en vitesse sa Polo blanche. Ce retraité varois n’a plus qu’à sortir son parasol, enfiler ses sandales et filer sur la plage de l’Almanarre. « Il ne faut pas traîner, venir tôt c’est l’assurance de trouver de la place », lâche-t-il les bras en pleine foulée. Il est 9 h 30 du matin. Derrière lui, les premiers ralentisse­ments se font déjà sentir sur la Route du sel. Le long de cette fine langue de terre qui relie Hyères à la presqu’île de Giens, les voitures sont garées à la va-vite, les parkings affichent complet. Les plaques d’immatricul­ation font faire le tour de France : ce matin on vient du 83, des départemen­ts voisins, et de plus loin encore. Du Nord, surtout, mais aussi de la Garonne, du Bordelais... Du monde, il y en a sur les plages pour cette fin du mois de juillet. Ricky, un chauffeur du bus 39 qui emmène justement ce monde jusqu’aux plages d’Hyères, l’a bien vu. « Il y a beaucoup plus de touristes que d’habitude, raconte-t-il les yeux rivés sur les bouchons, maintenant que les gens ont l’impression que le Covid est terminé, tout le monde se ramène sur nos plages. »

Depuis le -Juillet, le Var se remplit

Si les arrivées, massives au moment du 14-Juillet, ont laissé espérer une reprise en flèche du tourisme varois, les profession­nels observent encore des comporteme­nts prudents dans le départemen­t le plus touristiqu­e de France après Paris.

Depuis le coin buvette de leur école de planche à voile Funboard, Julien et Charline observent les potentiels clients amassés sur l’Almanarre d’un oeil distrait. « Il y a beaucoup de touristes sur la plage, ils viennent peut-être pour une glace ou une boisson fraîche mais rien de plus, expliquent-ils, déçus. On espère que ça changera dans les prochaines semaines, mais maintenant que le masque est obligatoir­e... peu d’espoir .»

Des comporteme­nts imprévisib­les

En roulant sur la corniche en contrebas du massif de l’Esterel, Christophe Tint-Girardot, technicien à l’Office national des forêts, voit bien les habitudes des touristes changer par rapport aux années précédente­s. « La fréquentat­ion monte en flèche dans les rochers et les criques. Les gens cherchent à s’isoler », prévient-il. Le nombre de stages découverte, en groupes donc, proposées par l’ONF autour du massif a chuté cet été en revanche. « Les gens restent à l’écart, hors des sentiers battus à cause de l’épidémie. » La crainte d’un départ de feu, à cause d’un barbecue à usage unique ou d’une cigarette n’en est que décuplée. C’est ce qui a failli arriver dans une calanque près de Marseille le 14 juillet dernier. « Ça risque de se produire dans le Var si les gens ne font pas attention. Dans l’arrière-pays aussi, les gens viennent dans des zones pas ouvertes à la circulatio­n parfois. Il y a plus de feux de bois, plus de dépôts sauvages .» Ses machines à granité fluo tournent dans le vide, les beignets frais de ce matin suintent sous l’effet de la chaleur. Sophie perd patience. « Un pic ? Ah ça non, réagit la vendeuse du snack Provence Glace, feintant un sourire, c’est une saison plus que morte. »

Plages bondées, personne au café

À quelques mètres pourtant, il y a la plage des Sablettes (La Seyne-surMer), noire de monde. Une saison d’été comme une autre. Sans les revenus qui vont avec. Un détaillant d’articles de plage n’a pas vendu de cartes postales depuis deux jours. Une licorne gonflable la veille. «On a les inconvénie­nts du tourisme de masse, sans les avantages », résume un saisonnier un peu plus loin. Sur la promenade qui longe la forêt de parasols de plage, il y a bien des clients en terrasse, des cafés sur les tables, mais guère plus. « Jusqu’à présent on n’avait pas à se plaindre. Mais on a beau avoir eu un week-end du 14-Juillet rempli, ça s’est calmé depuis, explique Amandine Alunni. Cette gérante du restaurant chic La Vague d’Or n’a aucune visibilité sur les prochaines semaines. Un trait commun à beaucoup de profession­nels cette année. Et les annulation­s pleuvent. Un anniversai­re des 50 ans de mariage devait se tenir début août dans ce restaurant chic de l’Anse des Sablettes. « Hop, 40 personnes en moins. Les gens recommence­nt à avoir peur du virus », cède la gérante, une perte de 110 000 euros à éponger et des équipes plus étoffées à cause des mesures sanitaires qu’il faudra bien payer.

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