Hôtellerie, locations : les inquiétudes demeurent
Au bord de la piscine de l’Hôtel des Lices, à Saint-Tropez, les corps allongés sur les transats respectent tant bien que mal la distanciation sociale. Par grappe, les baigneurs se relaient à l’eau. C’est l’heure du chassécroisé, de rendre les chambres, il y a du monde aussi dans l’escalier. Derrière le comptoir de l’accueil, le téléphone de Sandie, la femme du gérant de ce 4 étoiles branché du centreville, n’arrête pas de sonner. « Je suis désolé, on est très complet jusqu’au 23 août. On a des listes d’attente si vous voulez, mais il y a du monde je vous préviens. Merci d’avoir pensé à nous… » Les signes d’une saison bien remplie.
« On a eu, sur le mois de juin, 68 % de notre fréquentation habituelle. En juillet, on est plus proche des 95 % », compte Clément, à la tête de cette affaire familiale.
Les annulations continuent
Des Belges, des Suisses, des Français aussi, la clientèle habituée est venue. Certains jours du mois d’août, la liste d’attente contient une vingtaine de noms. Et pourtant, l’inquiétude n’a pas disparu. « Tout est différent. Les gens ont booké au
dernier moment. Les séjours sont plus courts. Les gens arrivent tôt et repartent plus tard le lendemain : ils veulent profiter de l’hôtel au maximum.
Certains annulent aussi. Les Américains annulent des réservations en septembre. Les mariages qui devaient avoir lieu sont décalés à juin 2021. La situation évolue tous les jours. »
Une saison en décalé sur 2 à 3 semaines
Sous presqu’île, les pinèdes les campings de la aussi affichent complet. Celui de La Rouillère, à Ramatuelle, l’est jusqu’à la fin du mois d’août. « Le début du mois de juillet a été poussif, mais on retrouve petit à petit un rythme normal, se réjouit Pierre, le directeur. Si la tendance se confirme, on aura un décalage de 2 à 3 semaines jusqu’à septembre par rapport aux saisons habituelles. » De quoi remplir les caisses de ce camping, qui n’a jamais arrêté de travailler pendant le confinement, « pour être prêts, toujours dans le stress d’une reprise à tout moment. »
La clientèle est, ici aussi, différente — moins de Hollandais, pas de Britanniques, plus de vacanciers hexagonaux et leurs voisins — mais abonde.
L’arrière-pays affiche complet
« Tous les signaux sont au vert, mais ça reste une année instable. Avec des réservations et des annulations en last minute. Des séjours plus courts. Sans parler du coût du lourd protocole sanitaire… » Dans l’arrière-pays, les chambres d’hôte et les locations sont si remplies que certains hôteliers parlent même de dépasser une saison classique. « Une très bonne année ! On a eu une explosion de demandes pour juillet-août dès le milieu du mois de juin. Et les locations de maisons et de villas sont de plus longue durée, les gens veulent profiter » ,seréjouit une agence de location de l’Est Var.
« Les vacanciers cherchent à s’isoler, ne pas rester sur les côtes bondées comme à l’accoutumée », ajoute une agence du tourisme de la Provence Verte ». Dans son Mas de Cotignac, Denis tient quatre chambres. Un établissement plutôt petit mais qui profite de la reprise du mois de juillet autant que de la publicité du concours du « village
préféré des Français » en 2019. Au point d’observer un mois de juillet « encore meilleur que l’année dernière », remarque Denis, un professionnel « en fin de carrière » qui s’inquiète pour les « jeunes qui débutent dans la profession » : « Ils sont plus sensibles aux aléas des clients et cette année pourrait leur être fatale ».
Si ses tableaux de réservation sont remplis, tout n’est pas rose. À 370 reprises, d’après les calculs de Denis, une de ses chambres était annulée. La faute aux mariages qui devaient être fêtés en grande pompe au château
de Robernier, à quelques kilomètres, reportés à l’automne,
puis à l’année prochaine. Si elle s’annonce fructueuse, cette saison « très étrange » aura joué sur les nerfs de Denis.