Var-Matin (Grand Toulon)

GAELLE BELDA gbelda@nicematin.fr

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Chevelure ébène, peau mate, yeux bruns... Stéphanie Lizée ne peut pas renier ses origines méditerran­éennes. Même si dans les interviews qu’elle donne, elle dévoile que la capitale est une vraie source d’inspiratio­n, il y a du sud dans sa déco. Dans ses couleurs, dans ses matières. Dans la lumière qui se dégage de tous ses projets. C’est d’ailleurs pour cette subtile touche ensoleillé­e que son cousin a fait appel à elle pour redessiner totalement son hôtel antibois. Une première pour l’architecte d’intérieur, qui a travaillé des restos, des boutiques, des villas et des appartemen­ts... mais pas encore ce type d’établissem­ent. Vingt-neuf chambres, un bar, une grande terrasse. Il y avait de quoi exprimer sa créativité. Et tant mieux. Depuis 2007 et la création de son agence – après avoir travaillé plusieurs années pour des cabinets d’archi –, Stéphanie Lizée a multiplié les très jolis projets. C’est avec un bagage plutôt intéressan­t et prometteur que cette inconditio­nnelle de Gae Aulenti a habillé Le Sud. Entretien.

Premier hôtel... et premier projet dans votre région ? C’est mon premier projet de cette envergure, oui. Et ici, j’avais travaillé pour un particulie­r à Saint-Paul, fait des apparts pour des copains mais c’est tout. Le principal se passe à Paris où je vis depuis plusieurs années. J’y suis d’abord allée pour étudier à l’Académie Charpentie­r, puis je suis revenue ici pour trois ans avant de repartir.

Le Sud, c’était une page blanche... avec quelles consignes ? Il fallait se sentir dans le Sud. Mais c’est très vaste. Il nous fallait raconter une histoire. Du coup on a axé sur le lien avec les artistes. On a arpenté les musées du secteur. J’ai notamment découvert FernandLég­er à Biot, j’ai trouvé ce lieu génial, complèteme­nt dingue. Et on a découvert les assiettes de Picasso, réalisées à Madoura, à Vallauris. Sur cette base-là, ces tons, nous avons travaillé sur l’identité visuelle de l’hôtel avec un artiste, Franck Lebraly. Les couleurs, le logo, le nom.

Et vous avez tiré ce fil, mais tout en subtilité. Je n’aime pas l’ostentatoi­re, les choses qui figent un lieu. On trouve des couleurs comme le bleu Klein, du jaune tournesol, du vert mais ce sont des lignes sur les têtes de lits ou de fins aplats en haut des murs. Pas plus. Il y a quelques fresques peintes à la main, en hommage à Cocteau. On a joué sur les clins d’oeil aux artistes de l’âge d’or de la Côte d’Azur. En vrai... c’était tellement facile, tout était sous nos yeux.

Vous aimez dessiner le mobilier, c’est quelque chose que vous aimeriez développer ? Ça fait tellement longtemps que je le dis : oui, je vais le faire ! Je vais le faire ! Je vais lancer une ligne. A Antibes, j’ai beaucoup dessiné. Le bureau avec la petite vague par exemple. Les plafonnier­s en grès. J’aime beaucoup cette idée de créer un élément spécifique­ment pour le lieu et je le fais le plus possible.

A Paris, des projets phares ? Il y a eu Le Django, à Pigalle. Et je me rends compte qu’il y a aussi un peu du sud : des terres cuites émaillées, des matières et des tons chauds. J’adore travailler la chaux aussi. Et puis il y a eu la boutique The Socialite Family. J’ai rencontré Constante Gennari, qui a fondé ce magazine – dédié à l’art de vivre et à l’intérieur des familles contempora­ines –, quand elle est venue faire un reportage chez moi. Et alors qu’elle connaît toute la terre, des milliers d’archis, elle m’a confié la déco de sa première boutique (). J’ai été tellement flattée ! 1. La marque édite aussi des pièces de mobilier, des luminaires, des accessoire­s. > Site web : stephaniel­izee.com > L’identité visuelle de l’hôtel a été le point de départ du travail d’une année. Elle devait être forte et marquée pour donner le ton. Et c’est sur de la terre cuite que tout a été posé. Hommage aux fresques de Cocteau, aux céramistes. A Picasso. A Antibes, à Vallauris et à l’âge d’or de la Côte d’Azur. Des murs talochés blancs, des matières naturelles, du grès, du bois, du rotin... C’est tendance ? Stéphanie Lizée grimace : « Je ne suis pas du tout là-dedans. Moi, j’interdis Pinterest. J’ai composé une équipe avec trois autres archis et nos inspiratio­ns ce sont les photos que l’on prend lorsqu’on se balade, quand on voyage, quand on va aux puces, etc. Ce sont les bouquins que je place dans la bibliothèq­ue de l’agence. Et toute cette base de données très personnell­e que l’on compose progressiv­ement. » Aujourd’hui c’est parce qu’elle refuse de suivre absolument le mouvement que l’on va la chercher. « Quand la base d’un lieu est bonne, après on peut tout imaginer tout le temps. Rien n’est jamais figé et j’adore cette sensation. »

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