La Colle Noire touchée par le feu
Hier en début d’après-midi, un incendie s’est déclaré en lisière du massif forestier. Les pompiers ont dû faire appel aux moyens aériens pour le maîtriser contre les rafales
« Le journal de 13 heures venait de se terminer et en allant dans la cuisine, j’ai senti une odeur de brûlé. » Si Francine Pioteix peine à déterminer l’heure exacte, elle sait déjà que les minutes qu’elle a vécues hier en début d’après-midi resteront longtemps dans sa mémoire. Dans la maison qu’elle partage avec son mari et sa mère, en haut du Collet-de-Pastre et en lisière de forêt, elle a vu les flammes boucher son horizon. « Tout de suite, j’ai pris un tuyau et j’ai arrosé tout ce que j’ai pu, embraye son mari Patrice, en regrettant de n’avoir pu sauver ni le mimosa, ni l’abri de jardin. Et avant que les pompiers arrivent, ça m’a paru long. » Dans le même temps, la police municipale évacuait la mère de Francine. En fauteuil roulant et sous oxygène, elle a été mise à l’abri chez des amis. Dans le ciel du Pradet, un avion et deux hélicos entament aussi leur ballet. « Au total, il y a eu six largages et uniquement par les hélicos », précise, une grosse heure plus tard et dans les dernières volutes de fumée, le capitaine Eric Deckmyn, responsable de la caserne de La Garde et à la tête des quelque 75 soldats du feu mobilisés sur l’opération. Une intervention aérienne qui a permis, en une heure, de limiter la progression du sinistre malgré la puissance du vent, qui frappait, hier, les côtes pradétanes.
Journée à risque
« D’après les relevés de l’ONF, 2 600 m2 ont été parcourus par les flammes et le sinistre n’a pas fait de victime, récapitule le capitaine des pompiers, en soupirant de soulagement. Compte tenu de la configuration du terrain, en bordure de lotissement et au pied du massif boisé, tout le monde redoutait le pire en voyant le panache blanc s’élever au-dessus de la plage de la Garonne. « On savait que la journée était à risque à cause du vent et de la sécheresse de la végétation, alors on avait des équipes mobilisées et prépositionnées, explique le capitaine, en balayant du regard les hommes et les engins venus de La Garde, Cuers, Solliès-Pont ou Bormes. Durant une partie de l’aprèsmidi, les pompiers sont bien entendu restés sur place pour noyer le sol et éviter toute reprise. « Heureusement aussi que le massif était fermé, ajoute Jean-François Planes, adjoint au maire, chargé des questions de prévention et de sécurité. Ça tranquillise de savoir que personne n’est en train de s’y promener. » Pour l’élu, ce départ de feu – et la rapidité avec laquelle il a été éteint – illustre aussi une nouvelle fois l’importance de respecter les obligations légales de débroussaillement (lire aussi en page 11). Si l’incendie n’a pas pris plus d’ampleur, c’est parce que les riverains,
Francine et Patrice en tête avaient bien nettoyé les sousbois jouxtant leur maison.
Le débroussaillage en préventif
« Bien sûr que c’est contraignant, admet Patrice, qui aimerait encore faire tomber quelques pins dans son champ de vision et a décidé de ratiboiser rapidement l’eucalyptus qu’il vient pourtant de batailler pour sauver. Mais ici, on se souvient qu’en 2005 déjà la maison a été sauvée par miracle, parce que les vents ont tourné au dernier moment. Alors, on veut prendre le maximum de précaution. » Reste maintenant à déterminer la cause de l’incendie. La police a ouvert une enquête en avouant être intriguée de constater que le départ de feu a eu lieu juste en bordure de route, dans le lotissement les Mas Marquisane. Un emplacement positionnant les flammes précisément dans l’axe du mistral pour qu’elles courent sur la Colle Noire.