« J’aime bien l’improvisation »
La scène se passe dans un hôtel entre un client particulièrement enquiquinant et le réceptionniste. Mais il y a des invitées surprises : les cigales. Alors que beaucoup se sont découvert récemment une passion pour la nature, cette dernière permet aussi à la culture de se poursuivre, par les temps qui courent. Exemple avec le théâtre (1). Si la formule n’est pas nouvelle pour la compagnie de l’Etreinte qui menait une partie de ses stages en extérieur, elle l’a étendue cet été plus largement à son public enfant. Cela donne une expérience pas classique, que nous avons suivie en juillet. Cela commence par « du training physique sur le parvis devant l’Espace des arts, explique leur professeur, Matisse Truc. Il s’agit d’apprendre à occuper l’espace, créer du lien entre les partenaires à travers le regard, la trajectoire. On imagine que le parvis est comme une assiette posée sur un socle qu’il faut garder en équilibre en se déplaçant dessus. Cela leur permet de prendre en compte l’espace dans lequel ils sont, de prendre conscience du groupe ». Une marche qui vaut tous les discours. Une première étape, « car on travaille aussi sur comment on aborde le langage, se parler, des choses primordiales pour travailler ensemble, s’accepter ».
« Confrontés au public en douceur »
Les saynètes d’auteurs contemporains, comme Anoch Levin, sont plutôt burlesques (mais non dénuées d’esprit critique), histoire, pour une fois, de rompre avec les classiques rabattus à l’école. Elles peuvent surtout se jouer face à face, mais à distance, sans contact physique, sauf quelques rares moments, où le port du masque se rajoute alors au décor. Si chacun fait son travail de mémorisation du texte en intérieur au début (avec le port du masque !), le parc Cravéro devient ensuite la scène de la petite troupe. Mais pour l’heure, place au déjeuner pris en plein air. La compagnie n’est pas la seule à pique-niquer, car il y a aussi Impro2 pro. Les deux feront d’ailleurs cette fois leur représentation de fin de stage ensemble, dans ce même parc, pour pouvoir accueillir le public, malgré la situation. Après manger, les répétitions reprennent. C’est déjà un spectacle pour les passants. « Il y a même des gens qui regardent par la fenêtre », a remarqué Matisse. « C’est intéressant de travailler en interaction avec le monde réel. Cela confronte les jeunes à la réalité du public de manière douce, mais omniprésente. Je leur ai dit, “vous n’allez même plus en avoir conscience” ». « Il faut pousser la voix, il y a aussi un apprentissage de théâtre de rue », complète Sandra Lamour, co-directrice de la compagnie. Après les mois de confinement, les énergies ont besoin encore plus de se libérer. « Ici dans le parc, on est plongés dans la vie, on se connecte à quelque chose de naturel, même s’ils ne le conscientisent pas ». Des apprentissages multiples finalement. 1. Précisons que les compagnies ont le droit malgré tout de reprendre leurs cours en intérieur également, dans le respect des mesures barrière.
Les dernières vacances, j’avais fait un stage et je me suis dit que je pouvais en faire un autre. Ce que j’aime, c’est surtout qu’on va jouer un rôle, ce n’est pas nous, c’est quelqu’un d’autre. J’aime bien l’improvisation aussi. Je joue le rôle de Tommy, quelqu’un qui bégaye. C’est bien pour moi de jouer dehors, car j’ai toujours le bruit des cigales en fond. Moi, je ne sais pas être dans le silence.
Je parlais souvent théâtre avec ma grand-mère. Elle en faisait beaucoup, j’avais envie d’en faire. Elle m’a fait la surprise, pour mon anniversaire, de m’inscrire. C’est plutôt facile, après quelques moments un peu plus durs pour apprendre le texte. J’étais repliée sur moi-même au début, puis je me suis fait des amis. Cela me donne envie de continuer. Je ne m’attendais pas à ce qu’on soit dehors, mais c’est super bien, mieux que ce que je pensais, cela m’aide à me concentrer.