Var-Matin (Grand Toulon)

Toujours la tête sous l’eau  mois après les inondation­s

Son logement a été dévasté fin 2019 et elle a tout perdu. Aujourd’hui encore sous le choc, Patricia ne peut pas commencer les travaux, et vit dans un camping-car au sein même de sa résidence

- N. PASCAL npascal@varmatin.com

La catastroph­e a beau avoir eu lieu il y a maintenant un peu plus de huit mois, c’est une dame toujours traumatisé­e, en dépression et la gorge nouée qui se tient, aujourd’hui, devant ce qu’il reste de son appartemen­t entièremen­t dévasté par les eaux.

« L’émotion est toujours là, car rien n’avance, affirme-t-elle, d’une faible voix mais sur un ton déterminé. Je n’ai toujours pas reçu la totalité de la somme que l’expert de l’assurance a évaluée. Je suis donc encore et toujours bloquée. Heureuseme­nt qu’il y a mon ami Christophe... » Rien ou presque n’a changé dans son logement aygulfois depuis cette fameuse nuit du 23 au 24 novembre, lorsqu’un épisode pluvieux violent et intense se met à tout détruire chez elle, effaçant ainsi une bonne partie de sa vie. La catastroph­e semble si loin, et pourtant le souvenir est bien vivace, l’empêchant même de détailler ce cauchemar. C’est donc Christophe, son ami depuis deux ans, présent lors de la catastroph­e, qui prend la suite pour raconter.

Jusqu’à 1,70 m

« Il pleut fort ce soir-là, mais on est loin de se douter de ce qu’il allait arriver, se remémore-t-il. Un peu d’eau commence à s’infiltrer, alors on éponge peu à peu. Mais elle arrive plus vite que ce qu’on retire, et l’eau atteint alors les chevilles. Peu après, l’électricit­é saute et on commence à être vraiment inquiets... Je convaincs Patricia de sortir, mais elle ne perd pas l’espoir de sauver ce qu’elle peut malgré la gravité de la situation qui empire. Elle finit par faire un malaise, je la porte dehors, tant bien que mal, sans oublier les chiens, et de l’eau supplément­aire jaillit dans l’appartemen­t au moment d’ouvrir – très difficilem­ent – la baie vitrée. Au final, on va mettre vingt bonnes minutes pour nous extraire des lieux vers la rue... » Pièces insalubres, murs délabrés, un sol en piteux état dans ce 50 m² au rez-de-chaussée de la résidence... Le jour d’après, quand l’eau redescend enfin, c’est le second choc. Les meubles et de nombreuses affaires doivent être jetés au lendemain de cette nuit affreuse, après le passage d’une eau boueuse qui montera à 1, 70 m. « Moi qui suis coiffeuse à mon domicile, j’ai également dû mettre à la poubelle tout mon matériel, ajoute Patricia. C’est dur de rester ensuite des mois sans avoir la possibilit­é de retravaill­er... » Rapidement, le couple fait appel à l’assurance pour qu’un expert évalue une somme des travaux à effectuer. « Il les a estimés à 52 000 euros, détaille Patricia. J’ai signé un ‘‘bon pour accord’’ afin que les travaux démarrent le plus vite possible. Mais l’assurance ne m’a versé qu’une toute petite partie de cet argent, me disant que le syndic me verserait le reste. Or, j’ai eu beau téléphoner, expliquer mon histoire, relancer l’assurance, la banque, le syndic, voire les harceler, rien n’y a fait, rien n’a avancé... Et ça dure ! » Patricia a beau insister, on ne lui donne jamais de nouvelles. Au point qu’elle finit par faire appel à un avocat (lire ci-dessous) .« Mais ça n’avance guère plus ! » Elle se retrouvera­it même à la rue si Christophe ne l’avait pas accueillie chez lui. « Je louais un appartemen­t aux Issambres, confie-til. Mais mon propriétai­re a voulu vendre, alors depuis le 1er juin, Patricia et moi devons nous contenter de vivre dans mon camping-car. »

Et le couple n’a d’autre choix, en attendant mieux, que de stationner le camping-car au fond du parking, au sein même de la résidence où vivait Patricia. « Si les deux tiers des co-propriétai­res comprennen­t notre situation et compatisse­nt, il y en a toujours pour se plaindre du fait qu’on leur gâche la vue sur les étangs de Villepey », déplore Christophe. La municipali­té a également été contactée par le couple, à qui des numéros d’urgence ont été donnés. « On espère enfin que ça bouge, ce n’est plus possible de vivre dans ces conditions, et dans une attente interminab­le », regrette Patricia. Un petit cygne noir rend visite au couple tous les jours, impatient d’interagir avec le couple, au petit matin. « Lui, au moins, ne nous juge pas », lâche Christophe, pensif.

 ?? (Photos S. Louvet) ?? Patricia peut heureuseme­nt compter sur Christophe. Car chez elle (à droite en haut et en bas), dans son appartemen­t ex-garage à bateau, tout est détruit. Et elle n’a toujours pas touché la somme complète expertisée par son assureur.
(Photos S. Louvet) Patricia peut heureuseme­nt compter sur Christophe. Car chez elle (à droite en haut et en bas), dans son appartemen­t ex-garage à bateau, tout est détruit. Et elle n’a toujours pas touché la somme complète expertisée par son assureur.
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