Var-Matin (Grand Toulon)

Est devenu une sorte de

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

À  piges, t’es sage, tu te calmes pour la mi-temps”

Taxi

Grande Vadrouille”

On le retrouve attablé à la terrasse de La Cantina à Cannes, où officie son pote Thomas Dayan en cuisine. Juste sous une affiche du film Bullitt, avec Steve McQueen et la bagnole vedette de son incroyable coursepour­suite. « Ah, c’est un signe ! » ,se marre Samy Naceri, inoubliabl­e héros de Taxi, qui a lui aussi connu quelques sorties de route et dérapages incontrôlé­s dans sa vie. « Je sais que j’ai fait des conneries, mais à chaque fois, on en a fait des tonnes aussi, et tout ça a déteint sur ma carrière. J’ai dû ramer et me donner beaucoup de mal pour ne pas être enterré », confie plus sérieuseme­nt celui qui commande un Coca, n’allume pas de cigarette. « Ça fait sept ans que je n’ai pas renversé une mobylette ni grillé un feu rouge. À 60 piges, t’es sage, tu te calmes pour la troisième mi-temps. Et si t’es en forme, tu peux jouer jusqu’à 90 ans ! »

Toujours une gueule

Pour lui, pas question de regarder éternellem­ent ses frasques dans le rétro, au risque de rester au point mort. Samy semble à nouveau en pleine bourre, prêt à enclencher les vitesses. Parce que malgré tout, l’acteur ne s’est jamais lassé d’entendre « moteur ». Adore son métier. Et s’y est toujours adonné avec conscience, passion et respect. Même si certains profession­nels du septième art ont préféré se détourner lorsqu’il était ballotté par les vents mauvais. Double peine, alourdie par la rumeur. « Certains ont laissé entendre que sur un plateau, j’étais ingérable, que je ne connaissai­s pas mon texte et n’arrivais pas à l’heure, regrettet-il d’une humeur néanmoins apaisée. Tout ça est faux. Moi, j’aime bien arriver avant le tournage pour échanger avec les technicien­s, et comme je suis un bileux, j’apprends tout par coeur. Mon boulot, c’est mon boulot, alors stop les gars, faut savoir me faire confiance... »

Par chance, certains n’ont pas oublié son talent, qui lui a notamment valu un prix d’interpréta­tion (collectif) à Cannes pour Indigènes. Ni cette gueule de cinéma, que les nouvelles génération­s reconnaiss­ent aussi, au gré des rediffusio­ns télé de la saga Taxi. « C’est incroyable, beaucoup de jeunes continuent de m’interpelle­r dans la rue. Taxi est intemporel, c’est devenu une sorte de .» Toujours une gueule, et pourtant, c’est le visage dissimulé sous une cagoule, que Samy a commencé à tracer son destin de comédien. C’était dans Léon, autre blockbuste­r signé Luc Besson. Et là, Samy se trouvait côté police, une fois n’est pas coutume.

L’envie payante

Grande Vadrouille « Sur le scénario, j’étais l’agent du SWAT [unité d’interventi­on d’élite, comme notre GIPN, ndlr] le plus motivé lors de l’assaut donné contre Jean Reno, se souvient celui qui ne faisait alors qu’une grosse figuration. Comme j’étais tout feu tout flamme, mon temps de tournage est passé de 8 à 15 jours et à un moment, Besson m’a dit : “Allez, tu l’as bien mérité, pour cette scène, tu enlèves la cagoule !” J’étais tout content mais le jour de la première projection, je découvre qu’il y avait tellement de fumée, qu’on ne me voit même pas ! » (rires) Qu’importe. Car le patron Besson, lui, a remarqué l’envie du jeune Naceri. Retenu pour le casting de Taxi. « Au départ, la prod avait auditionné des noms plus connus que Fred [Diefenthal] et moi. La veille de l’audition, je m’étais préparé toute la nuit devant mon miroir. Je suis arrivé, me suis assis sur la chaise, et là, j’ai tout imité comme au volant d’une caisse, avec des rrrr pour les dérapages et accélérati­ons ! » Au fil de la saga, plus de 30 millions de spectateur­s français suivront ainsi Daniel Morales, des rues de Marseille au grand écran. « Taxi m’a fait connaître du grand public. Avec cette notoriété, je peux encore parcourir le monde. » Après un exil (surtout publicitai­re) en Russie, Samy est repassé à l’ouest pour Redemption Day, film d’action de Hicham Hajji tourné entre le Maroc et les États-Unis, avec Gary Dourdan (Les Experts), et Andy Garcia s’il vous plaît ! Encore un rôle de bad guy pour Samy, que le doublage-voix préCovid a contraint au confinemen­t parmi les « anges » du septième art, à Los Angeles. « Ça va, j’étais dans une maison avec des amis, je n’ai pas à me plaindre. Mais le Covid fait peur, et j’ai une pensée pour tous ceux qui ont perdu des proches. » Samy le Frenchy a également profité de son séjour aux States

pour s’inviter dans Cash Collectors, une comédie « testostero­née » de Dominique Milano, avec l’immense Michael Madsen (Reservoir Dogs), et figurer en guest dans American Badass, un documentai­re sur l’acteur tarantines­que.

Projet de coeur

Aperçu récemment dans la série Olivia sur TF1 (un diplomate égyptien qui veut couvrir son fils à la suite d’un accident), Naceri entend aussi faire son come-back dans sa mère patrie. Les Méchants, comédie satirique de Mouloud Achour avec Djimo, Ludivine Sagnier et Mathieu Kassovitz, a été réalisé durant l’été 2019. Mais parmi tous ces projets, il y en un qui lui tient forcément à coeur : Sans issue, court-métrage présélecti­onné (parmi les onze derniers) par le Festival de Cannes. Un drame psychosoci­al signé... Julian Naceri, le fils de Samy ! « C’est devenu un beau et talentueux garçon de 25 ans, nous sommes désormais très unis et je suis vraiment fier de lui. » Boudé ou pas par l’intelligen­tsia du septième art, Samy n’en a cure. Personne ne l’empêchera de vivre sa passion, car il a su se créer aussi sa propre famille de cinéma. Avec ou sans Taxi, toujours en piste !

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