Var-Matin (Grand Toulon)

Covid-19 : le pays peut «basculer à tout moment»

Alors que le taux de reproducti­on de l’épidémie est à la hausse et que les clusters se multiplien­t le Conseil scientifiq­ue tire la sonnette d’alarme, face au risque d’une trajectoir­e incontrôlé­e

-

Ddans l’insoucianc­e de l’été, la France n’est pas à l’abri d’une reprise incontrôlé­e de l’épidémie de Covid-19, avertit le Conseil scientifiq­ue qui guide le gouverneme­nt, alors que les cas augmentent et que les restrictio­ns se multiplien­t. Dernière en date : la maire de Paris Anne Hidalgo a demandé à rendre obligatoir­e le port du masque dans plusieurs secteurs fréquentés de la capitale. « Le virus circule de façon plus active, avec une perte accentuée des mesures de distanciat­ion et des mesures barrières : l’équilibre est fragile et nous pouvons basculer à tout moment dans un scénario moins contrôlé comme en Espagne par exemple », met en garde le Conseil scientifiq­ue dans un nouvel avis rendu public hier. « La France se trouve dans une situation contrôlée mais fragile », poursuit le Conseil. Au-delà du court terme, l’instance juge toujours « hautement probable qu’une seconde vague épidémique soit observée à l’automne ou l’hiver ». Ces dernières semaines, les autorités mettent en garde contre une possible aggravatio­n, à la lumière d’indicateur­s en hausse : la semaine du 20 au 26 juillet, le nombre de nouveaux cas confirmés a connu une augmentati­on de 54 % (5.592 au total) et la barre des mille nouveaux cas par jour a été dépassée.

En outre, le nombre de patients atteints du Covid-19 hospitalis­és en réanimatio­n a augmenté de 13 cas depuis vendredi (384 au total).

Eviter un reconfinem­ent généralisé

Face à ce constat, après l’obligation du masque dans les lieux clos dont les commerces, le 20 juillet, le gouverneme­nt a permis aux préfets de l’imposer à l’extérieur s’ils le jugent nécessaire. C’est notamment le cas en

Mayenne, où le virus est particuliè­rement présent, dans certaines zones de Nice, Toulouse et de la métropole lilloise, ou encore certains lieux de Haute-Savoie. « Il importe de continuer à respecter les gestes barrière, de porter le masque, de se laver régulièrem­ent les mains au gel hydroalcoo­lique, de faire attention », a, quant à lui, déclaré le président de la République, Emmanuel Macron, en visite à Toulon. L’objectif est aussi d’éviter un reconfinem­ent généralisé, aux effets socio-économique­s terribles : « La réponse à cette probable deuxième vague [à l’automne ou à l’hiver, ndlr] devra être différente de la réponse à la première », souligne le Conseil scientifiq­ue.

Un excès d’alarmisne ?

Il demande aux autorités des « plans de prévention » axés notamment sur les vingt plus grandes métropoles : «Un “confinemen­t local” plus ou moins important en fonction de l’épidémie doit faire l’objet d’une préparatio­n dans ces zones à forte densité de population. » Toutefois, certains scientifiq­ues appellent à mettre les chiffres en perspectiv­e. « S’il y a mille cas par jour, c’est parce que le virus circule et c’est normal. L’épidémie est maîtrisée, si jamais on se fait dépasser, on le saura très en avance », a récemment affirmé Yonathan Freund, professeur de médecine d’urgence à la Pitié-Salpêtrièr­e à Paris, qui s’élève contre un excès « d’alarmisme ». L’épidémiolo­giste Antoine Flahault, lui, pointe une hausse de « l’anxiété » depuis la fin du confinemen­t : « Elle conduit à faire glisser progressiv­ement de l’objectif initial (éviter l’engorgemen­t des services de réanimatio­n) vers un objectif de suppressio­n de la circulatio­n du virus au niveau le plus bas possible. » « On passe d’un risque qui était jugé acceptable et que l’on cherchait à contrôler à une doctrine du risque zéro », dénonce-t-il.

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Décision surprenant­e hier soir : le ministère de la Culture annonçait que les événements culturels de plus de cinq mille personnes pourraient être autorisés sous conditions par les préfets dès le  août. Et à compter du er septembre, cette autorisati­on ne serait même plus indispensa­ble.
(Photo Sébastien Botella) Décision surprenant­e hier soir : le ministère de la Culture annonçait que les événements culturels de plus de cinq mille personnes pourraient être autorisés sous conditions par les préfets dès le  août. Et à compter du er septembre, cette autorisati­on ne serait même plus indispensa­ble.

Newspapers in French

Newspapers from France