Var-Matin (Grand Toulon)

Le BTP, secteur très accidentog­ène

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La situation dans le secteur du BTP désole Alain Testot, de la Direccte. « Perdre la vie sur un chantier et en travaillan­t ce n’est pas normal. Qu’il y en ait toujours sur les mêmes problémati­ques, comme des chutes de hauteur, c’est inquiétant. On fait de la prévention, on essaie de préparer les chantiers avec les maîtres d’oeuvre, on a beau marteler les messages de prévention, multiplier les contrôles, être présents sur le terrain, faire des procédures, les faits nous donnent raison. On a encore des règles de sécurité non appliquées par des entreprise­s qui mettent en danger leurs salariés. »

9 fois sur 10 le Code du travail n’est pas respecté

Lors d’un accident du travail « dans neuf cas sur dix, c’est qu’une dispositio­n du Code du travail n’est pas respectée », indique-t-il. Cela résulte souvent de la volonté de faire des économies, de rogner sur certains équipement­s ou d’oublier des procédures qui demandent du temps. « Or la sécurité des salariés n’est pas négociable, selon le représenta­nt de la Direccte. Un échafaudag­e aux normes, ce n’est pas une option, c’est obligatoir­e. La sécurité ou la mise en déchetteri­e font partie des éléments réglementa­ires à respecter. Leur coût doit être intégré dans le devis. » Le chef d’entreprise peut être poursuivi pénalement en cas de défaut de formation, de non-respect de la réglementa­tion sur les règles de sécurité comme sur la médecine du travail pour de blessure ou homicide involontai­re. Sans oublier la procédure engagée par le salarié (lire page suivante). Avec la reprise post-confinemen­t, il y a toute une discussion sur le surcoût des différente­s mesures sanitaires, les gestes barrière. « C’est une réalité. Il faut trouver une solution pour que cela soit pris en compte dans les travaux et le chantier avant qu’ils commencent. Le chef d’entreprise doit faire valoir qu’il garantit la sécurité de ses salariés », préconise-t-il. Le maître d’oeuvre ne peut pas se défausser. « Il a sa responsabi­lité de savoir à qui il a affaire, si la sécurité est respectée comme la gestion des déchets. Avec la sous-traitance, il y a des choses qui se perdent en cours de route. S’il n’est pas informé de la sous-traitance, il peut se donner les moyens d’un contrôle des accès du chantier pour être sûr que ceux qui y entrent sont ceux qu’il attend », rappelle M. Testot.

Les travailleu­rs détachés plus exposés

D’autres problémati­ques s’ajoutent, comme le recours aux autoentrep­reneurs. Cela existe surtout dans le second oeuvre. Les contrôles montrent aussi des fraudes aux prestation­s de service internatio­nal. Ce recours aux travailleu­rs détachés répond à des règles de déclaratio­n préalables qui ne sont pas forcément respectées, et « ces personnes exercent parfois de manière dégradée par rapport à la sécurité », constatent encore les contrôleur­s de l’inspection du travail.

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(Photo doc Ph. A.) Dans le BTP, neuf accidents sur dix sont dus au non-respect du Code du travail.

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