Le meilleur de Jazz à Toulon
Daniel Michel, alias Nanou, a dirigé le festival toulonnais pendant 29 ans. Forcément, ça laisse de beaux souvenirs
Choisir un seul moment, vous vous rendez compte ? C’est bien trop difficile ! Je me suis occupé de ce festival pendant quasiment trois décennies », s’exclame Daniel Michel dès le début de notre entretien. Pour être franc, on s’attendait à ce genre de réponse. Jazz à Toulon, que le désormais retraité a contribué à créer en 1990, a accueilli quelque deux mille artistes. Ça en fait de jolis instants ! « D’autant que c’est un festival tout à fait particulier, assuret-il. D’abord parce qu’il est itinérant mais aussi gratuit. » Et l’exploit de l’équipe organisatrice, a été, durant toutes ses années de faire justement rimer gratuité et qualité. Des artistes prestigieux sont venus se produire en bord de rade. De Manu Dibango, à Gregory Porter en passant par Rhoda Scott, Didier Lockwood ou encore Michel Petrucciani et Michel Jonasz… Il y en a eu du beau monde.
Le show de Tania Maria en
Ce ne sont pourtant pas ces remarquables concerts que Daniel Michel retient. « Je pense d’abord au show de Tania Maria. C’était lors de la première édition en 1990. Donc forcément, le souvenir est intense. » L’artiste brésilienne, diva du jazz et star de la samba, a tout simplement mis le feu au quartier du Pont du Las.
personnes pour Maceo Parker
Le public adhère. C’est un succès. Il ne manquera pas non plus un fameux rendez-vous en 2003. Celui avec Maceo Parker sur les plages du Mourillon. Deuxième souvenir marquant de Nanou. « C’est la date qui a sans aucun doute réuni le plus de monde. Il y avait plus de 16 000 personnes. C’était incroyable. Le parking était plein, les plages étaient remplies, même la corniche était noire de monde ! La soirée a duré jusque très tard dans la nuit… » Le succès du légendaire saxophoniste, à jamais lié à la funk avait été largement raconté dans Var-matin à l’époque. Dans les colonnes, le journaliste soulignait « un style endiablé » et « une foule absolument conquise. »
Le concert insolite de Steve Grossman
Pour Daniel Michel, le concert le plus insolite restera sans aucun doute celui de Steve Grossman à la fin des années 2000. « Il se déroulait sur le carré du port. Avant d’attaquer son dernier morceau, il me fait passer un message via Jacky Terrasson, son pianiste pour la soirée. Il veut refaire son concert. Il n’était pas du tout satisfait du set qu’il avait proposé, il ne se sentait pas dedans. Le public a donc eu le droit à une double dose. C’était absolument génial ! »
Des musiciens virtuoses et des showmen”
L’osmose avec Stefano Di Battista et Flavio Boltro
Si certains artistes ont pu avoir peur de jouer devant un public « gratuit », Daniel Michel l’affirme, ils ont vite été rassurés. « Le partage, c’était la clé. Et sur ce registre, je me souviens avec émotion du concert réunissant Stefano Di Battista et Flavio Boltro en 2014 sur la place Louis-Blanc. On sentait cette joie qu’ils avaient à jouer ensemble et devant ce public précisément. On était dans une sorte d’osmose. »
Le charisme de Marcus Miller
Un concert réussi, c’est aussi une présence sur scène. Et de ce côté-là, Daniel retient notamment Marcus Miller, « sur les plages du Mourillon, plus de 10 000 personnes » ou encore le fabuleux contrebassiste Renaud Garcia Fons. « Non seulement ce sont des musiciens virtuoses mais aussi de véritables showmen », s’enthousiasme l’ancien directeur. Juste pour nous, il accepte de livrer aussi quelques anecdotes post-concerts. « Pendant plusieurs années, on organisait des boeufs à l’hôtel Holiday Inn. Je me souviens de Kenny Werner et d’une formation d’instruments à vent qui se produisait au Gaou. Ou encore d’un jeune prodige du piano avec Biréli Lagrène… On terminait vers 5 h du matin. Pas le choix, il fallait libérer la salle pour le petit-déjeuner des clients ! »