RETROUVAILLES EN FAMILLE
Vacances au grand air, repas chaleureux et souvenirs nostalgiques : ces résidences sont plus que secondaires. Après le confinement, les retrouvailles y ont un goût plus fort encore
« L amaison près de la fontaine / Couverte de vignes vierges / Et de toiles d’araignée / Sentait la confiture et le désordre / Et l’obscurité, l’automne, l’enfance, l’éternité... » Nino Ferrer chante la nostalgie d’une maison sacrifiée sur l’autel du « progrès », dans La Maison près de la fontaine. Une maison de famille comme il en existe tant d’autres, aujourd’hui encore. Notamment dans les AlpesMaritimes et le Var. Et les retrouvailles familiales y ont un goût plus prononcé encore cette année... La crise du Covid-19 et le confinement sont passés par là. Ils rendent d’autant plus précieux ces moments auprès des siens, loin de la foule et de la crise – même si le virus et les gestes barrières peuvent s’y inviter aussi. Instants précieux pour ceux, du moins, qui ont la chance de pouvoir se retrouver dans une maison familiale. Combien sont-ils ? Qui sont-ils ? Impossible à savoir, tant cette tradition bien française échappe aux radars des circuits commerciaux. Le CRT Côte d’Azur (comité régional du tourisme) délivre un indicateur : les Alpes-Maritimes comptent 183 000 résidences secondaires. Dont 47 000 appartenant à des étrangers. Ce qui fait de la Côte d’Azur la principale concentration de résidences secondaires étrangères en France (15 % du total national). «Detout temps, il y a eu des résidences secondaires sur la Côte d’Azur, rappelle Franck Raineri, attaché de presse à l’office du tourisme Pays de Grasse. L’ex-roi des Belges a sa résidence près de Grasse, Orson Welles y avait installé sa maison
de vacances, les Rothshild y avaient leur
villa à Grasse... » Mais une maison de famille n’est pas toujours une résidence secondaire. D’ailleurs, elle est bien plus que cela.
« Un lieu qui sent la crème solaire »
C’est une maison qui, souvent, a vu grandir enfants et petits-enfants. Une maison où l’on partage des repas de famille chaleureux, des moments complices, de beaux souvenirs et de franches engueulades. Une maison de riche ? Souvent. Mais pas forcément. C’est aussi, parfois, un modeste cabanon ou une vieille demeure aux murs rongés par le temps. Cette maison peut même être un... appartement. Comme celui où Thibaut V., Parisien de 37 ans, a retrouvé sa famille au Cannet, dans les Alpes-Maritimes cet été. « Mon grand-père l’avait achetée pour ses parents en 1964. C’est là qu’on se retrouve en vacances. Ce sont des périodes de vie qui marquent la mémoire. En fait, on s’y sent beaucoup plus chez soi qu’à Paris où on vit dix mois par an... »
Thibaut s’y sent tellement chez lui qu’il y a demandé sa fiancée en mariage. C’était à la fin du confinement. « Après cela, on a envie de se retrouver. Tout n’a pas la même saveur. Danser, s’embrasser, ça n’est pas anodin. »
Pour ce Parisien qui a le sens de l’image, « c’est un lieu qui sent la crème solaire, et les sandwichs au jambon. » Un endroit, aussi, qui respire « l’amour familial, autant que les histoires d’amour ». La vie, en quelque sorte.