Var-Matin (Grand Toulon)

GAELLE BELDA gbelda@nicematin.fr

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récupérant des fers à cheval tombés dans la terre. Sourire. « Ça faisait comme des cubes desquels dépassait un fer. Je découpais ça et je les alignais. Ça m’amusait. » Une fantaisie qui n’aura pas échappé à l’oeil d’une experte. « C’était une grande collection­neuse... elle voulait m’acheter mes sept petites sculptures ! Mais jamais je n’aurais imaginé les vendre ! Elle y tenait absolument alors je lui ai dit de les prendre. C’était mes Enlisés. Elle est revenue avec une Vespa, en me disant : tu en voulais une, hein ? Alors voilà. »

Les poêles des chefs

Il connaissai­t déjà pas mal d’artistes de renom et il aimait travailler de ses mains. Ses restos, sa maison... il fait tout luimême. « Moi, je peux vraiment dire que tout est de moi... la sculpture la plus monumental­e, je l’ai réalisée seul ! » Comme le bonhomme de pierre, à l’aéroport de Nice, par exemple. Un vrai casse-tête au moment de positionne­r... la tête. Mais rien n’arrête Cartier. Une grue et le tour est joué. Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige, que le soleil soit écrasant... Le jour, la nuit, il crée. Installé autour d’une immense table basse habillée de coulures colorées, au bord d’une piscine creusée à même la roche, l’artiste tourne les pages de ses archives. Une montagne de documents soigneusem­ent classés. Par date, par oeuvres. Des coupures de presse, des photos... À l’image de son atelier, c’est un melting-pot de souvenirs bigarrés et inspirants. Il ne manque que l’air de jazz. À ses pieds, son énorme chien « Caillou » fait le beau. Mais Max a les yeux dans ses poêles de grands chefs – idée extraordin­aire qui consistait à récupérer les premières poêles de grands noms de la cuisine française pour en faire des sculptures. Il rit en lisant le petit mot laissé par Bocuse, il sourit en retrouvant la photo de Loiseau... « Ils avaient tous joué le jeu. Et moi, comme je pense que la cuisine c’est érotique, j’ai transformé leurs ustensiles en sexes de femme ou d’homme ! » En 1975, il y a eu la série des Billes .En 1967, c’était les Miroirs. Il pointe du doigt une de ses oeuvres : « La princesse de Suède m’avait acheté cette pièce. Le prince Rainier en a eu une aussi, en 1980. » En 1958, il donne naissance à ses Cocottes .Ilyaeules Tissus .Les Hommes de fer... entre 1954 et 1990. Puis les fameux Hommes de pierre.

Hyperactif

Mireille Darc pose, sur un cliché un peu sombre, avec un petit modèle. « Elle avait craqué pour le bonhomme de l’aéroport et une connaissan­ce l’avait amenée chez moi, un soir tard. Il faisait nuit. On lui a fait livrer sa pièce à Paris un peu plus tard... » Ilyaeules Enlacés. De l’argenterie des grands hôtels qu’il a élégamment immobilisé­e dans du laiton. Il a fait la même chose avec des jouets d’enfants, des objets fétiches et un peu tout ce qui lui passait sous... l’inspiratio­n. Il y a eu Les Lasers, en 1988. Plutôt plastique. « Lionel Hampton avait adoré. Vous, ça ne vous

(2) dit rien hein ? Moi, j’ai dansé sur sa musique ! » Il rit encore. En 2009, c’était le temps du Tracto-paint – il grignote des planches de bois avec sa tractopell­e et y coule de la peinture. Bref... on a compris que l’homme était plus que prolifique. C’est un bosseur fou, un plasticien déjanté. « J’ai jamais trop aimé dormir... » Au sens propre comme au sens figuré. Ses pièces ont beaucoup de personnali­té. Et comme lui, elles ont de la gueule. S’il a décoré les intérieurs de ceux qui fondent pour son art, il n’est pas pour autant en quête du beau. Max Cartier répond à un appel qui vient du plus profond. Et comme quand il était môme... il se met à l’épreuve constammen­t. Rien n’est dû. Jamais. 1. Une affaire criminelle française – l’assassinat de Stevan Markovic, un Yougoslave qui était notamment le garde du corps d’Alain Delon – sur laquelle certains milieux parisiens tentèrent de greffer un scandale visant Georges Pompidou, alors Premier ministre. 2. Lionel Hampton est un vibraphoni­ste, pianiste et batteur de jazz américain.

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