LE TRAMWAY ROULE À CANNES
À la fin du XIXe siècle et pendant 30 ans, ce nouveau moyen de transport va changer la physionomie et les habitudes de la ville.
Dès l’arrivée du chemin de fer sur la Côte d’Azur en 1863, Cannes, au même titre que les villes azuréennes, connaît une forte augmentation de sa population. Pour se déplacer, outre les voitures hippomobiles particulières ou en location, il existe des omnibus à chevaux, seul service de transports en commun municipal. Alors que se développent des villes limitrophes comme La Bocca, Le Cannet ou Mandelieu, ces omnibus qui ne circulent qu’en centre-ville, ne sont plus adaptés. Il faut donc revoir le système de transport en commun. Pointe alors l’idée de la création d’un service de tramways calqué sur celui de Lyon. Mais, ce n’est pas une mince affaire, car il faut poser un réseau de rails sur toute la ville avec l’éventualité de l’étendre jusqu’aux cités voisines. Le 26 mai 1882, la Société foncière lyonnaise (SFL) fait une proposition à la ville de Cannes, de l’aider dans son projet.
Un projet qui enflamme et divise la ville
Pendant quelques années, ce projet fait l’objet de nombreuses discussions, pétitions et articles dans les journaux. Les opposants dénoncent de graves inconvénients et de risques à ce moyen de transport. La municipalité, qui se veut rassurante, explique qu’il n’y a aucun danger tant pour l’homme que pour les chevaux et que, pour son développement touristique, Cannes doit se doter de transports modernes. Elle assure que pour ce qui est de la
Croisette, « nous prenons l’engagement solennel qu’elle sera à jamais préservée de l’installation éventuelle d’un tramway ».
Après plus de 10 ans de tractations, il est décidé d’installer un tramway électrique à fil aérien. En 1892, la ville lance, à titre expérimental, une ligne saisonnière d’omnibus-tramway qui relie la mairie au boulevard Alexandre-III. Ce service rapide est un succès. La Compagnie des tramways de Cannes (CTC) est constituée à Lyon le 15 février 1898. Commence alors le percement des principales artères cannoises pour installer les rails.
Rapidement le trafic séduit, augmente et s’étend.
L’autobus devient un vaillant concurrent
Le premier tramway cannois est mis en circulation sur le boulevard Carnot, le 25 février 1899. Le confort plutôt rudimentaire va s’améliorer au fil des années (lire encadré) .Rapidement, les voitures sillonnent et desservent les points névralgiques de la ville. Une ligne part de l’hôtel de ville, parcourt la rue d’Antibes jusqu’à la rue d’Oran, coupe la voie ferrée, pour longer le boulevard d’Alsace. Une autre part de l’hôtel de ville, rejoint la gare PLM par la rue d’Antibes et monte le boulevard Carnot jusqu’au point de départ de celle qui dessert Le Cannet. Enfin, une navette relie la mairie et la gare du funiculaire. Arrêts obligatoires et points d’arrêts facultatifs jalonnent les parcours. En 1929, la Compagnie des tramways de Cannes subit de plein fouet la concurrence d’un nouveau moyen de transport collectif : l’autobus. Le 25 avril 1931 marque la décision de la suppression progressive des lignes. La dernière motrice circule le 9 avril 1933 et l’exploitation de la CTC cesse définitivement un mois plus tard. Le tramway aura donc vécu à Cannes une trentaine d’années.