De cinq à treize ans pour le vol violent aux Tournels
Farid Hammou et ses cousins Billel et Kamel Hammou ont été reconnus coupables par la cour d’assises du Var de vol aggravé à Ramatuelle le 3 avril 2018
La cour d’assises du Var a condamné hier soir Farid Hammou, un Marseillais de 39 ans, à 13 ans de réclusion criminelle pour le vol avec violence – en l’espèce un coup de couteau sur un vigile ayant entraîné une mutilation (ablation de la rate) – commis dans la nuit du 3 au 4 avril 2018 au camping des Tournels à Ramatuelle. Ses deux cousins, Billel et Kamel, âgés de 25 et 34 ans, ont écopé respectivement de cinq et sept années d’emprisonnement. L’avocat général avait requis trois ans à leur encontre, et treize années de réclusion pour Farid Hammou, en état de récidive légale.
« Un regard comme ça, ça reste gravé »
Les jurés ont donc reconnu la pleine culpabilité de ce dernier malgré les efforts de son avocat, Me Julien Pinelli qui avait demandé au tribunal d’être « éclairé par le doute plus que la certitude ». « S’il suffisait d’être sincère pour dire la vérité... » notaitil à propos du vigile qui avait reconnu Farid Hammou comme étant son agresseur lors de l’instruction. « Je crains que le nombre l’emporte sur la raison », ajoutaitil quant au poids des déclarations à charge de ses cousins et de sa tante. Billel Hammou, « victime collatérale » dans cette affaire pour son conseiller Me Fabien Perez, et son frère Kamel, pour qui Me Isabelle Colombani espérait bénéficier d’une « individualisation parfaite de la peine », ont vu les jurés aller au-delà des réquisitions de l’avocat général. La déposition dans la matinée de l’agent de sécurité a dû peser dans la balance. Le vigile a raconté les faits dans le détail, confirmant comme lors de l’instruction que Farid Hammou lui avait bien asséné le coup de couteau : « Un regard comme ça, ça reste gravé à jamais. Il maniait le couteau comme quelqu’un qui en avait l’habitude. » Peu présents dans les débats depuis mercredi, du fait de leurs aveux et de l’âpre défense de leur cousin Farid, Billel et Kamel Hammou ont pu s’expliquer. Et confirmer, pour le premier, un simple rôle de guetteur, presque malgré lui. Une fonction que Kamel a tenté de reprendre à son compte, provoquant l’ire du président Didier Guissart : « Donc dans cette affaire, nous avons deux guetteurs pour un cambrioleur ! Monsieur, vous avez changé plusieurs fois de position durant l’enquête. On peut ne pas prendre pour argent comptant ce que vous dites aujourd’hui... » Pour sa part, Farid Hammou a fait preuve de constance. Constance dans ses dénégations, même si, pour tenter de démontrer son innocence, il a dû emprunter des chemins tortueux. Ainsi sur les personnes qui l’ont transporté à Cogolin le 3 avril au soir pour, soi-disant, prendre une réservation dans une chambre d’hôtes : « Ce sont deux amis, Étienne et Stéphanie, d’Aubagne, qui m’ont emmené C’est pour cela que mon téléphone bornait dans le coin. »
Nuit d’errance
Mais quand le président lui demande pourquoi ces amis – non cités à comparaître – ne l’ont pas ramené sur Marseille, il explique qu’étant donné son passé criminel et les tentatives d’assassinat dont il a fait l’objet, il n’a pas voulu les mettre en danger et a passé « la nuit à errer ». Et lorsque la cour lui rappelle tous les éléments à charge, notamment les traces ADN sur une casquette et la téléphonie qui le situe dans les environs de Ramatuelle cette nuit-là, il s’emporte : « Je serai le plus grand débile de Marseille si je faisais affaire avec ces deux-là (ses cousins, Ndrl) et si j’utilisais un téléphone qui peut me confondre. Je serai un drôle de bandit ! » Les jurés, sans accrocher l’épithète, n’en ont pas moins retenu l’état de coupable.