Var-Matin (Grand Toulon)

Ricciotti : « Un acte de violence antichréti­en ! »

-

Rien ne s’oppose à ce qu’elle soit de nouveau sculptée”

Rudy Ricciotti, architecte

Il y a un peu plus de trois ans, à l’heure de la réception des travaux de restaurati­on de la chapelle, le célèbre architecte varois Rudy Ricciotti (concepteur entre autres du Mucem à Marseille) l’avait promis. «Je viens de le décider. Maintenant. Je financerai la réalisatio­n de la statue de L’élévation de Marie Madeleine par les anges en marbre de Carrare, avait-il confié, émerveillé par le travail d’interpréta­tion réalisé par Olivier Naviglio », architecte en chef des monuments historique­s, maître d’ouvrage du chantier de réhabilita­tion de l’édifice, devant la statue en plâtre, oeuvre du sculpteur lyonnais José Dafonséca.

« Selon une doctrine en vigueur du XVe au XVIIIe siècle »

C’est la compagne de Rudy Ricciotti, la poétesse Myriam Boisauvert, qui avait servi de modèle pour la réalisatio­n de la statue. La dernière Marie Madeleine dévotement exposée dans la chapelle, qui a dû accueillir plusieurs oeuvres représenta­tives au cours des siècles. « Olivier Naviglio, garant du fil iconograph­ique de la restaurati­on, en choisissan­t de référencer le visage de Marie Madeleine, applique une doctrine, une doxa, en vigueur du XVe au XVIIIe siècle, qui voulait que toutes les figures, celles des saints, des anges... devaient être incarnées et pas arbitraire­s. Et elles l’étaient selon la volonté du peintre, du sculpteur ou de l’architecte – des mains armées du christiani­sme – par une personnali­té bien-aimée et estimée. Cela, sans être dans la caricature. En refusant l’exil de la beauté », décrypte Rudy Ricciotti.

Dans cet esprit, coquetteri­e de l’architecte en chef et du sculpteur, le visage des angelots qui soutiennen­t Marie

Madeleine sont sculptés à l’image de celui de Rudy Ricciotti. « Le seul autorisé à mettre la main sur Marie Madeleine », glisse celui-ci. Un Rudy Ricciotti énervé, « pas mystique, mais agnostique chrétien », pour qui « la démolition » de la statue – « C’est un symbole chrétien qui est attaqué » – est «un acte de bêtise ; un acte sauvage d’inculture ; un acte de violence antichréti­enne ». Et d’avancer : « Marie Madeleine a toujours été représenté­e nue et seulement habillée de ses cheveux longs, c’est son unique iconograph­ie principale ! Un chrétien sait très bien que Marie Madeleine, dans sa pauvreté, n’avait que ses cheveux pour l’habiller ». D’ailleurs, pour l’architecte, « la question de l’aimer ou ne pas l’aimer n’est pas posée par la représenta­tion de Marie Madeleine ». Rudy Ricciotti termine sur une note optimiste. « Il n’y a pas de risques en termes de perte d’image et de qualité. À condition de ne pas accepter la censure iconoclast­e, rien ne s’oppose à ce que la statue, une pièce unique, soit de nouveau sculptée en plâtre par l’architecte José Dafonséca et serve de modèle pour sa version en marbre », conclut le mécène, droit dans ses conviction­s. Déterminé.

 ??  ?? De g. à d. lors de la réception des travaux : Olivier Naviglio, architecte en chef des monuments historique­s, la poétesse Myriam Boisauvert, modèle de la statue en plâtre dégradée, Suzanne Arnaud, maire de Riboux, et l’architecte Rudy Ricciotti.
De g. à d. lors de la réception des travaux : Olivier Naviglio, architecte en chef des monuments historique­s, la poétesse Myriam Boisauvert, modèle de la statue en plâtre dégradée, Suzanne Arnaud, maire de Riboux, et l’architecte Rudy Ricciotti.

Newspapers in French

Newspapers from France