Var-Matin (Grand Toulon)

Procès Charlie : « Si on a peur, ils ont gagné »

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Plusieurs proches de victimes de l’attaque contre Charlie Hebdo ont appelé hier, au procès des attentats de janvier 2015, à ne « pas avoir peur » face à la menace terroriste, jugeant nécessaire de « se battre pour

la liberté ». «Sionapeur,ilsontgagn­é»,

a martelé devant la cour d’assises spéciale de Paris Chloé Verlhac, veuve du dessinateu­r Tignous. « Alors, on n’a pas peur : on est là, on va continuer à imposer notre humanisme, car nous sommes des gens profondéme­nt humanistes, libres », a-t-elle poursuivi, estimant « devoir ça » aux victimes de l’attentat, « pour dire qu’ils ne sont pas morts pour rien ». Pour elle, « on a banalisé le mal ». « La violence engendre de la violence. Comment faiton maintenant pour que ce cercle s’arrête ? J’ai besoin, moi, ici, devant cette cour, d’entendre les mots de laïcité, de fraternité », a insisté Chloé Verlhac, estimant que « vivre » était sa « plus belle vengeance ». « Les gens de Charlie ,jesuis avec eux dans leur combat », avait assuré auparavant le fils de l’économiste et écrivain Bernard Maris, qui publiait dans les colonnes de l’hebdomadai­re sous le surnom d’« Oncle Bernard ».

« Il faut continuer à rigoler, à vivre libre »

« De mon côté, je continuera­i à me battre à ma manière, c’est-à-dire en souriant, en continuant à me lever pour rire. Il ne faut pas avoir peur, il faut continuer à vivre, à rigoler, pour vivre libre », a insisté le jeune homme. Figure respectée dans le champ économique, Bernard Maris fait partie des 10 personnes tuées par les frères Chérif et Saïd Kouachi dans l’attentat contre Charlie. Sa mort, à l’âge de 68 ans, avait suscité de nombreuses réactions dans le monde universita­ire et médiatique. « C’était quelqu’un de très distrait, qui était dans la lune », a raconté devant la cour son fils, en racontant son amour et sa « fascinatio­n » pour son père. Un portrait complété à la barre par la fille de l’économiste. « Mon père était un être profondéme­nt vivant, généreux, protecteur. Quand on était dans la voiture, il me disait : “Regarde comme le ciel est beau” », a-t-elle raconté, en

évoquant sa « douceur » et sa « tendresse ». « On ne peut pas perdre quelqu’un comme ça, on ne peut pas perdre son père dans ces conditions-là » ,a ajouté la jeune femme, avant de confier, la voix brisée par l’émotion, la détresse qui est la sienne lorsqu’elle repense à l’attentat. « Je pense qu’il a eu peur, ça fait tellement mal d’imaginer cette terreur [...] J’aurais aimé être avec lui. Évidemment, il ne faut pas, mais j’aurais aimé être avec lui pour lui tenir la main, lui dire : “Ne t’inquiète pas, ne t’inquiète pas.” »

 ?? (Photo AFP) ?? Vivre est sa « plus belle vengeance », a déclaré Chloé Verlhac, la veuve de Tignous.
(Photo AFP) Vivre est sa « plus belle vengeance », a déclaré Chloé Verlhac, la veuve de Tignous.

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