Le dernier adieu à «TataYoyo»
OBSÈQUES
Des rires, un peu ; des larmes, aussi. Du soleil et de la musique, toujours. Une cérémonie, en plein air, qui lui ressemble, en fait... Près de 500 personnes ont fait le (court) « pèlerinage » qui mène à la butte de Saint-Cassien pour rendre, hier après-midi, un ultime hommage à Annie Cordy, disparue le 4 septembre à Vallauris, à 92 ans. Membres de la famille, proches, célébrités (Dave, Michèle Torr, Hervé Vilard, Roland Magdane, ou encore Charlotte Julian étaient présents) et simples fans, tous masqués et finalement tous anonymes, égaux dans le recueillement. Point de cérémonie religieuse pour « La Bonne du curé » ; un moment de rassemblement, au pied des chênes et des cyprès pour honorer l’artiste aux multiples facettes et aux 70 ans de carrière.
« Un antidote à la neurasthénie »
Simple, entre chansons [«Si Dieu existe », « La machine à chanter », « Si j’étais le soleil »...] et prises de paroles. Après le long silence, saluant l’arrivée du cercueil sur l’air de « Trois notes de musique », les mots. Forts et vrais. Ceux de sa nièce (et tellement plus), Michèle Lebon, regard mouillé, à sa « toute petite maman chérie ». Qui évoque « discrétion, sagesse, bon sens et lucidité » ; s’espère « digne de [sa] grandeur d’âme ». Et de sa devise, « la passion fait la force. » Admiratrice et amie de longue date, Emmanuelle Guilcher
(1) a raconté cette « chouette fille, bien plus complexe que son personnage » ; quelqu’un de « timide, pudique », toujours « généreuse, un antidote à la neurasthénie ». Les larmes coulent parmi la foule ; les lunettes s’embuent, ça tremblote sous les masques. Eux aussi ont perdu leur « Tata Yoyo ». «Je ne veux pas me comparer aux siens et à leur peine, souffle Gisèle, venue depuis Fréjus, entre deux sanglots. Mais elle faisait partie de ma vie depuis si longtemps... » Parolier d’Annie Cordy et ancien président de la Sacem, Claude Lemesle se rappelle cette « funambule sur le fil de nos fragilités, une jongleuse d’émotions ». Qui fait « des chansons pour aider les gens à vivre ».
« Ne meurent que les gens qu’on oublie »
Avant que le quatuor composé des humoristes et comédiens belges Virginie Hocq, Alain Leempoel et des frères Taloche ne viennent saluer celle qui fut « un précurseur pour tous les artistes belges en France », le chanteur et comédien David Alexis a, lui, prévenu les étoiles : « Nini la chance arrive ! » Un moment fort – dans l’émotion, David Lisnard, le maire de Cannes, l’a même appelé Annie... Courtade – conclu par une haie
(2) d’honneur, au milieu des fleurs et des applaudissements. Une dernière fois, la foule s’est massée autour du cercueil, pour un ultime au revoir. Avant qu’Annie Cordy n’aille rejoindre les siens, dans le caveau familial du cimetière de l’Abadie, toujours à Cannes. Mais, comme l’a joliment dit David Alexis, « ne meurent que les gens qu’on oublie ». 1. Directrice adjointe de la programmation à France 2. 2. Personnalité cannoise, présidente de Lecasud, groupement d’Achat du groupe Leclerc, et de l’AS Cannes football, longtemps à la tête du RC Cannes volley-ball.