Dans la rade, un bateau piloté depuis Paris !
Grande première cette semaine à Toulon : le VN Rebel, ancien supply, a multiplié les manoeuvres dans la rade. Pour le piloter, son commandant était à plus de 800 km de là
Ya-t-il un marin à la passerelle ? Non, ce n’est pas un remake aquatique de la comédie culte des années 1980, mais une question que les gens de mer pourront légitimement se poser à l’avenir. Utilisé en temps normal comme plastron par la Marine nationale, qui y entraîne systématiquement ses équipes de visite appelées à inspecter les navires suspects, le VN Rebel a servi à une expérience tout à fait inédite cette semaine. Les riverains des bords de rade qui l’ont vu multiplier, entre mercredi et vendredi, les allées et venues ne se sont sans doute rendu compte de rien. Et pourtant, pas un marin n’était à bord ! Pour
(1) manoeuvrer cet ancien supply, Ludovic Gin, son commandant, se trouvait loin à l’intérieur des terres, à plus de 800 km de Toulon, dans les locaux de l’école Polytechnique à Palaiseau (91). Après deux ans de préparation, notamment pour installer tout le matériel nécessaire et effectuer les premiers essais « en pleine mer, en toute sécurité », le VN Rebel a donc procédé cette semaine à la démonstration du Remotely Operated Services at Sea (ROSS), un système de télé-opération pour navires développé par la société SeaOwl. De l’aveu du commandant Gin qui, pour piloter son navire, disposait de tout un tas de console à « L’X », « tout s’est merveilleusement bien passé ».
La ministre de la Mer convaincue
On peut même parler de succès total, puisque la société SeaOwl a obtenu, ce vendredi 11 septembre, le permis de navigation pour télé-opérer à distance des navires par voie satellitaire. Une première mondiale ! C’est même la ministre de la Mer, Annick Girardin en personne, qui a remis ce permis au P.-D.G. de SeaOwl. « SeaOwl offre un bon exemple de l’ambition maritime française. Mettre l’innovation au service d’une navigation plus sûre et plus durable fait aussi partie de mes priorités au ministère de la Mer », a déclaré la ministre. Les démonstrations terminées, le VN Rebel devrait très vite reprendre son activité normale au service de la Marine nationale. Ludovic Gin précise en effet que le ROSS est un système développé plutôt pour l’offshore pétrolier. Et d’évoquer le développement prochain d’un navire de 25 mètres à propulsion électrique, équipé d’un véhicule sous-marin téléguidé (ROV). Quant aux apports de cette nouvelle technologie, SeaOwl avance, outre une réduction drastique de l’empreinte économique et écologique des navires, « une diminution significative des risques pour les personnels ». On pense notamment au Golfe de Guinée où, depuis quelques années, les prises d’otages se sont multipliées parmi les marins travaillant pour les compagnies pétrolières. 1. En vérité, hormis le pacha, l’équipage était bel et bien à bord, mais n’est pas intervenu dans les manoeuvres. Une fois la démonstration terminée, il ramenait le bateau à quai.