Rein : l’immunothérapie change la donne
L’immunothérapie a radicalement changé la prise en charge dans le cancer du rein métastatique, modifiant la place jusqu’alors prépondérante de la chirurgie
C’est peut-être le cancer pour lequel l’immunothérapie s’est révélée la plus prometteuse : elle est même devenue une référence dans le traitement du cancer du rein métastatique. « À tel point qu’elle a modifié la place de la chirurgie », explique le Dr Olivier Alenda, urologue, organisateur du congrès Onco Urovar qui vient de se tenir à la Seyne. « Auparavant, on estimait qu’il était important d’opérer d’emblée ces cancers métastatiques, puis on traitait par chimiothérapie ou par TKI, un traitement oral antiangiogénique (une thérapie ciblée qui agit sur la vascularisation des cellules tumorales, Ndlr). Ce n’est plus le cas, résume l’urologue. Désormais, depuis l’essai CARMENA qui a validé cette approche, l’ablation du rein n’intervient qu’après l’immunothérapie ; on attend la réponse complète à ce traitement qui va créer une activité immunitaire locale, avec une meilleure réponse à la chirurgie. On continue d’opérer d’emblée seulement si le patient est faiblement métastatique (cas qui ne nécessite pas toujours une immunothérapie) ou s’il est très symptomatique, avec des saignements, des douleurs… » Ce changement radical de pratique n’a pas forcément que des avantages. « Une question reste en suspens concernant l’opération car l’immunothérapie, en créant des réactions inflammatoires locales, peut compliquer le geste opératoire. Une première étude montre certaines difficultés à l’extirpation des tumeurs », relève le Dr Alenda.
Une révolution... dans l’approche
Si l’approche immunitaire a révolutionné
« On n’opère plus d’emblée »
Dr Olivier Alenda
le traitement des cancers du rein métastatiques, «il ne faut tout de même pas perdre de vue, tempère le Dr Jean-François
Berdah, oncologue et co-organisateur du congrès, que c’est l’approche qui est révolutionnaire, pas les médicaments d’immunothérapie. Quand ça fonctionne – et ce n’est malheureusement pas le cas chez tout le monde – on voit effectivement les métastases disparaître : mais c’est
l’immunité du patient qui fait le travail, pas le médicament. » Il explique : « Les cellules tumorales expriment à leur surface de nombreuses substances qui les rendent non repérables par le système immunitaire du malade. Les médicaments utilisés dans l’immunothérapie vont rendre ces cellules à nouveau repérables. Ensuite, l’immunité propre du patient fait le travail, ou pas. » L’immunothérapie a aussi ses effets secondaires : thyroïdite auto immune, pneumopathie auto immune, diarrhées auto immunes
(…) et elle est contre-indiquée pour les patients immunodéprimés. « Une association de deux molécules est actuellement en test, poursuit le Dr Berdah, qui participe à cette étude. Mais qui dit association dit souvent plus d’effets secondaires. » L’immunothérapie a donc certes modifié radicalement la prise en charge du cancer du rein métastatique, elle présente des avancées certaines, mais ce n’est pas encore la panacée.
Urologue