De la pneumologie... à l’Ultra Trail
C’est avec le plus grand naturel qu’Aurélien Degoutte raconte son exploit de la semaine passée. Il a en effet participé à l’Ultra Trail Côte d’Azur Mercantour, une épreuve de très haute volée destinée aux initiés. Pourtant à l’écouter, cela paraît presque normal de boucler une course de 130 km avec plus de 8 km de montée et autant de descente abruptes en 19h33. Mieux, le sportif est arrivé à la 5e place. Le tout en travaillant la veille puis le lendemain au sein du service de pneumologie du CHU de Nice où il est médecin. Ses collègues, au premier rang desquels son chef de service, le Pr Charles-Hugo Marquette, n’ont pas manqué de saluer ce tour de force. « Aurélien est par ailleurs un excellent chef d’équipe, il a un rapport bienveillant avec les malades et leurs familles et c’est un garçon courageux. C’est lui qui a monté en 48 heures une de nos deux unités Covid en mars dernier et qui en a assuré le fonctionnement tout au long de la première vague de l’épidémie. »
« Ça se joue au mental »
Pourtant, pour le Dr Degoutte, rien d’extraordinaire. Il est de ceux qui ont la modestie chevillée au corps. « Le trail, ça se joue beaucoup au mental... C’est un peu comme ça aussi dans du travail. » Et pour ce pneumologue cette édition 2020 de l’ultra trail était particulière. D’abord parce qu’il est sur le pont depuis le début de la pandémie de Covid-19. « Mais même pendant le confinement, j’ai réussi à trouver des moments pour faire du sport. Je ne cours pas tant que ça finalement mais je fais beaucoup de vélo. » Impensable pour lui de ne pas bouger. D’autant que ça lui permet d’évacuer un peu le stress du boulot.
Une question d’habitude
S’il a réussi à boucler le trail en 19 h 33, il l’explique simplement... par son acclimatation. « Comme j’ai l’habitude de la météo dans la région et du relief, je savais que j’étais physiquement capable de le faire, surtout que c’était ma 4e participation. Et j’étais particulièrement motivé parce que beaucoup de courses ont été annulées cette année alors je voulais vraiment réussir celle-là. Honnêtement, oui, c’est une épreuve difficile. Ça se joue à 50 % sur le mental, comme je le disais. A un moment, de toute façon, vous avez tellement mal aux jambes que vous vous dites qu’il faut arriver le plus vite possible parce que même en marchant, la douleur reste présente. Et puis, nous sommes partis à 22 heures. J’étais donc boosté par l’idée de ne pas courir une seconde nuit (il est arrivé à 17h33, Ndlr). Parce que dans le noir, c’est compliqué, on ne voit pas grand-chose, on risque de tomber. Un des moments difficiles, c’est à mi-parcours. Ça devient dur de repartir, de trouver la force d’y aller… mais on a envie de finir. » Le médecin a bouclé l’épreuve sous les applaudissements de sa famille venue l’encourager… Et ce lundi, il était déjà de retour dans son service de pneumologie. Aujourd’hui, il est probablement en train de courir. Infatigable.