A la découverte des dernières vignes de La Seyne
C’est là, au coeur du quartier de Coste Chaude, que descendent sur près d’un hectare les dernières vignes de La Seyne-sur-Mer. La «campagne Peyron» est une paisible bulle de verdure entourée de maisons, à deux pas de la mer, qui réunit 1800 ceps, dont quelques jeunes pousses, pour dix cépages différents, du grenache à la syrah en passant par le pinot, la counoise, le barbaroux ou le carignan. En haut de cette belle propriété habitent Janine et Yvon Nicol. Pas des vignerons professionnels, non. Loin de là. En fait, deux aimables retraités qui se sont juré de tout faire pour préserver les pieds plantés par Marcel Peyron, père de Janine, au début des années 50. L’homme était un chef de travaux à la pyrotechnie qui se plaisait, simplement, honnêtement, à cultiver la terre acquise jadis par sa grand-mère. « Pour nous, c’est un patrimoine familial et sentimental qui n’a pas de prix, explique Yvon, qui bichonne la vigne hiver comme été. Il s’agit d’histoire provençale, de perpétuer la tradition… Peu importe, presque, le vin qui y est produit : avec Janine nous sommes de très modestes consommateurs, mais des viticulteurs coopérateurs épanouis. »
Vers une sixième génération de viticulteurs ?
C’est la coopérative des Caves d’Azur, à Sanary, qui se charge en effet de collecter le raisin et s’attelle à la vinification de cet honnête IGP du Mont Caume à 12°5. Les vendanges, elles, ont comme toujours été assurées par les proches du couple. C’était dimanche dernier : un beau moment de convivialité qui s’est terminé, comme de coutume, par une grande tablée autour d’un colombo de poulet et de quelques bonnes bouteilles de rosé. Forcément. « Il y avait là les amis, les voisins mais surtout la famille, explique
Yvon. Pour la deuxième fois, nos deux petites filles de 13 et 14 ans ont vendangé avec nous. On les motive pour qu’elles y prennent goût et qu’elles continuent. Si c’est le cas, j’aurais fait mon boulot : perpétuer l’oeuvre de joli papa. » En attendant peut-être cette sixième génération de cultivateurs amateurs, leur père, lui, apprend déjà les rudiments du métier de viticulteur aux côtés d’Yvon. « Dès l’année prochaine, je passe le témoin : c’est lui qui se chargera de tout » sourit-il du haut de ses 82 printemps, en tapotant sur le capot de son charmant petit tracteur bleu. Avec le secret espoir qu’il n’ait pas, comme son beaupère par le passé, à devoir défendre sa vigne bec et ongles contre les velléités de bétonnage de diverses municipalités. « Toutes ces années, ma femme a choisi de ne surtout pas céder aux sirènes de l’immobilier », balaye-til. Celles du rosé de Provence sont semble-t-il beaucoup plus difficiles à repousser.