Var-Matin (Grand Toulon)

« Quand j’entends les critiques... »

À quelques jours des Internatio­naux de France, le capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis jauge notamment les chances françaises pour la quinzaine de Roland-Garros

- Entretien réalisé par : Laurent SEGUIN lseguin@nicematin.fr Photo : Dylan Meiffret

Demi-finaliste de trois des quatre tournois du Grand Chelem, Sébastien Grosjean est aujourd’hui capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis. Une compétitio­n qu’il a remportée en  et dont il nous parle sans détour. Mais vous l’aurez compris, à quelques jours du lancement des Internatio­naux de France (du  septembre au  octobre), c’est évidemment Roland-Garros qui est au coeur de nos échanges avec l’ancien numéro  mondial. Rafael Nadal et sa quête d’un treizième sacre à Paris, Novak Djokovic et sa forme mentale après son exclusion de l’US Open, Benoît Paire et ses excès pendant le confinemen­t… Le Marseillai­s ne balaie aucune de nos questions de l’un de ses fantastiqu­es revers, à deux mains. C’est parti, balles neuves !

Dans quelques jours, vous serez consultant pour France Télévision­s pour les Internatio­naux de France. Ce sera une édition forcément singulière… Ce sera particulie­r, oui. On ne jouera pas en mai et juin comme d’habitude et il n’y aura que   personnes dans les tribunes du Central... Mais c’est une très bonne chose que Roland soit maintenu. Le circuit a

repris depuis quatre ou cinq semaines maintenant et Roland, c’est le plus beau des tournois. Je crois que les joueurs sont ravis.

Vainqueur à douze reprises, Rafael Nadal visera un treizième sacre. Peut-il le faire ? Rafa aime bien avoir des repères avant Roland. Habituelle­ment, quand il arrive à Paris, son jeu est en place. Là, il n’a pas joué depuis six mois. Et attention aux blessures après une si longue période sans

match.

Même si j’ai été agréableme­nt surpris de ce côté-là par l’US Open où la reprise s’est bien passée avec un niveau de jeu intéressan­t. Il faudra le suivre à Rome (le tournoi débute ce lundi, Ndlr).

Quels joueurs peuvent le contrarier à Paris ? Je mets plutôt Thiem qui commence à répondre présent sur les Grand Chelem avec Djoko derrière, s’il a récupéré mentalemen­t.

Justement, qu’avez-vous pensé de son exclusion de l’US Open suite à son jet de balle sur une juge de ligne ? C’est accidentel et il n’y a aucune volonté de la toucher. Mais la disqualifi­cation est logique. Je le trouve un peu nerveux depuis quelque temps sur le terrain. Il s’implique dans beaucoup de choses à côté du tennis et peut-être que ça lui prend de l’énergie.

C’est une sanction rare, mais vous aviez vécu une situation similaire à Metz, en ... Oui, alors moi j’étais de l’autre côté (rires). Mais oui, Koubek (Stefan Koubek, joueur autrichien) avait été disqualifi­é alors que je l’affrontais. Mais c’était différent puisque ça avait été une accumulati­on d’avertissem­ents (le joueur avait fini par insulter un arbitre). D’ailleurs Novak était très agacé avant son geste et peut-être que s’il avait reçu un avertissem­ent avant, il n’aurait pas jeté cette balle…

Pour rester sur cet US Open, du côté des filles, une certaine Victoria Azarenka vient de perdre en finale après avoir battu Serena Williams. Nous avons lu qu’elle s’était préparée chez vous en Floride avec son entraîneur français. C’est la preuve que la France a de bons entraîneur­s… Comme au football, de bons entraîneur­s et de bons joueurs. Mais on est très critique en France…

Trop à l’égard des joueurs français ? Quand j’entends les critiques, je rappelle qu’il ne faut pas oublier que nos joueurs ont en face trois monstres (Nadal, Federer et Djokovic) et qu’ils sont là au même moment, sur la même période. Alors qu’est-ce qu’il manque aux Français ? La victoire en Grand Chelem. Mais seulement la victoire. On a des joueurs qui ont été cinquièmes (Tsonga en  )et sixièmes (Simon en  et Monfils en ), on aeudes finales en Grand Chelem (Tsonga en Australie en ), des titres sur le circuit. Les gens ne se rendent pas compte. On en prendra la mesure lorsqu’ils ne seront plus là…

Qu’est-ce qu’il leur manque pour gagner ? Gaël Monfils parlait récemment de carences tactiques… La tactique, c’est comme le reste, ça se prépare, ça se travaille.

Ils ne travaillen­t pas assez comme certains le prétendent ? Non, mais leurs adversaire­s travaillen­t aussi. Techniquem­ent, des joueurs comme Nadal et Djoko ont progressé au fil des années. Quand ils sont arrivés sur le circuit, je jouais encore et il y avait des carences dans leur jeu. Au service notamment. Mais ils ont progressé.

Pas les Français ? Si, ils l’ont fait, mais peut-être que les autres l’ont fait un peu plus.

Quelles sont les chances de ces Français sur ce Roland-Garros ? Je mettrais toujours Gaël (Monfils) à Roland-Garros. Il a passé du temps en Europe pour jouer sur terre. Là, il va à Rome, puis à Hambourg. Après, il faut voir le tableau.

Et Benoît Paire ? On ne l’a pas vu très sérieux pendant le confinemen­t, avec notamment des excès d’alcool affichés sur les réseaux sociaux. Ça vous a posé problème ? Il affiche et il assume. Après, le confinemen­t, c’était une période compliquée pour tout le monde. C’est difficile, surtout quand on a l’habitude d’être actif. Tant qu’il assume, je respecte ce qu’il fait. Et on n’est pas le vingtième meilleur joueur mondial (e à l’ATP au  août) en faisant ça tous les jours.

Côté français toujours, à Paris la bonne surprise de l’édition  est venue d’Antoine Hoang. Le Varois sortait des qualificat­ions et a atteint les es de finale en faisant notamment tomber Verdasco. Que pensez-vous d’Antoine ? Il a un beau tennis et c’est un bosseur. Mais il faut que ce soit plus régulier. Son parcours à Roland, il doit en profiter derrière et il n’a pas réussi à le faire (le Varois est actuelleme­nt à la e place mondiale) parce qu’il manque encore de solidité. Il faut être capable de gagner même quand on joue un peu moins bien. C’est la force des meilleurs.

‘‘ Peut-être que si Novak (Djokovic) avait reçu un avertissem­ent avant... ”

‘‘ Benoît (Paire ) ne serait pas e mondial en faisant des excès tous les jours... ”

Pour rester du côté français, vous êtes le capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis. Que pensez-vous de son nouveau format ? Il fallait évoluer. Je pense que la réforme (depuis , la Coupe Davis se joue en un seul et unique lieu sous la forme d’un tournoi) aurait dû être faite depuis bien longtemps. En France, notre vision de ce qu’était la Coupe Davis était tronquée car on a eu une belle histoire avec cette compétitio­n. Mais on a eu de la chance, le public répondait présent, ce n’était pas le cas partout. Je me souviens de rencontres à l’étranger où il n’y avait personne. Alors on aurait préféré conserver la formule, mais ça ne marchait plus, au niveau du public, mais aussi des joueurs qui choisissai­ent leurs matches. Et il ne faut pas oublier que les fédération­s ont besoin de gagner de l’argent pour que ça bouge.

À propos de fédération, avezvous un favori pour l’élection à la présidence de la FFT, prévue le  décembre ? Quel projet vous séduit le plus entre celui de Moretton et celui du sortant, Giudicelli ? Vous savez, moi je suis sur le terrain. Je ne m’occupe pas de politique.

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