L’interview
Christian Saint-Etienne, l’économiste de tous les plateaux télés qui prône un « libéralisme stratège », pense que le gouvernement valse sur deux temps, là où il en faudrait trois
Économiste, analyste, universitaire, Christian SaintÉtienne n’a pas besoin de notes pour parler géopolitique, PIB et points de croissance. S’il était déçu que sa conférence soit annulée, tout comme la Grande Soirée des adhérents de l’UPE06, il a cependant participé au point presse et fait part de son analyse sur ce que le gouvernement a fait de bien, de moins bien et sur ce qu’il devrait faire de mieux.
La crise de la Covid- a-t-elle mis en exergue des failles déjà présentes dans notre système économique français ? Déjà, au mois de janvier, on fait le constat d’une énorme inefficacité de la sphère publique : points de PIB de dépenses publiques, taux de chômage élevé, une insécurité qui monte, la création d’emplois est insuffisante... Bref, l’appareil productif est affaibli et clairement, c’est une déficience de stratégie majeure de la sphère publique. La dette publique est à % du PIB pendant que l’Allemagne est à . Et depuis dix ans, on fonctionne avec un déficit public à points de PIB (à , ou ,, c’est pas mal). Avec la crise, le PIB va chuter de à % cette année et la dette publique atteindra les %. Malgré tout, je voudrais dire que le gouvernement s’est bien débrouillé avec ce plan de relance qui est le e temps de la valse. Le er étant ce qu’il a fait pendant la crise à savoir l’indemnisation du chômage partiel qui a évité l’effondrement du système en juin-juillet et la mise en place des Prêts garantis par l’Etat (PGE) où les banques ont surperformé en allouant Mds€ de PGE.
Le confinement était-il nécessaire ? Trop long ? Tardif ? Il est quand même incroyable de constater que la France qui dépense beaucoup plus que tout le monde en matière de protection sociale ( points de PIB) se retrouve confinée mimars, sans masques et sans tests, et avec une insuffisance de lits dans les hôpitaux. L’Allemagne a déconfiné son économie deux ou trois semaines avant nous, ça peut paraître anecdotique mais c’est vital ! Nos importations ont augmenté et quand on perd des parts de marchés à l’international, difficile de les récupérer. Les clients ont pris d’autres habitudes.
Le gouvernement a-t-il apporté la bonne réponse ? D’une manière générale, ce plan est adapté. Il est centré sur l’offre et non sur la demande et c’est ce
qu’il fallait faire. Pendant le confinement, les ménages ont accumulé Mds€ d’épargne.
Donc on n’a pas de problème de demande. On a un problème de redémarrage de l’économie : il va falloir réfléchir à comment faire dépenser cette épargne.
Il faut ajouter un troisième temps à cette valse. Là où le gouvernement propose d’injecter Mds€ pour relancer les fonds propres des entreprises, il en faudrait avec cet enjeu majeur de basculer les emplois perdus dans certains secteurs, sur d’autres qui sont en bonne santé ou devenus porteurs et en manque d’effectifs. Au total, on parle d’, million de personnes à qui il faudra proposer une formation. Sur ces Mds€ de fonds propres à injecter, pourraient être apportés par les assureurs, les banques et les fonds d’investissement, proviendraient de l’argent public et on pourrait solliciter le Livret A. Cette mesure, le gouvernement aura intérêt à l’annoncer en octobre-novembre de manière à la faire voter avant Noël. Je suis aussi très optimiste sur les centres d’apprentissage internes des entreprises (mesure de ). S’il y a un acteur qui peut former massivement des personnes en deux ou trois mois, ce sont bien les entreprises elles-mêmes. Je mettrais le paquet, par adulte formé et replacé.
Que va-t-il se passer en ? Avant , à l’automne, il y aura une vague phénoménale de faillites et de suicides. On devrait perdre un million d’emplois. Ensuite, si le gouvernement a annoncé le prolongement de l’indemnisation du chômage partiel à l’été , il y a fort à parier que ce sera reconduit jusqu’en . Et si le troisième temps de la valse n’est pas amorcé rapidement, il n’y aura pas de