Le Bec Fin veut picorer des parts de marchés à l’export L’essor
En créant une holding pour associer toutes ses sociétés récemment acquises, la Conserverie Au Bec Fin à Cogolin est prête à attaquer le marché de l’export et ne manque pas d’atouts
C'est une institution dans le Golfe de Saint-Tropez et sa réputation dépasse les frontières de notre région. A Cogolin, la Conserverie Au Bec Fin compte même parmi ses habitués l'ancienne Marianne, égérie de la France, Brigitte Bardot. Pour autant, les propriétaires de cette société, créée en 1991, n'ont cessé, ces dernières années, de se réinventer pour faire face aux grands groupes industriels, leaders dans l'alimentaire, pour développer l'export et répondre à l'attrait croissant de la clientèle pour des produits bio et qui font appel à des producteurs locaux.
Conserverie et épicerie fine mais pas que
A l'origine réputée pour ses soupes de poissons et ses anchoïades, et plutôt tournée vers la grande et moyenne distribution, la société appartenait aux époux Dallari. A leur départ en retraite, ceux-ci ont passé la main en 2015 à leur actionnaire lillois Patrice Jacquelin, monté au capital dès 2012. C'est là qu'Olivier Manière entre en scène. Propriétaire avec son épouse du Temps des Mets à Six-Fours (3M de chiffre d’affaires), ce dernier s'est spécialisé dans la fabrication de produits du terroir (huiles d’olive, sels et épices, vinaigres, sirops, moutardes, tartinables, confitures...) sous les marques Tentations Bio et La Bastide de Manon. Il connaît un beau développement et fait même construire un bâtiment à Six-Fours pour accueillir sa fabrique et sa boutique.
En 2015, les deux hommes décident de s'associer. Leurs produits sont complémentaires. La fusion des deux entreprises (conserverie et épicerie fine) donne naissance à la SAS CBF (pour Conserverie du Bec Fin). En 2016, une première boutique appelée L'Atelier Provençal, qui jouxte le site de production de la conserverie, ouvre ses portes à Cogolin. Agrandie, début 2019, elle offre aujourd'hui 280 m2 de présentation et permet la dégustation des différents produits. L’an dernier encore, à la même période, une deuxième boutique émergeait dans le vieux Nice, rue Pairolière. Entre-temps, fin 2016, les associés ont racheté un millier de ruches en IGP Provence pour créer une société civile d'exploitation agricole, la SCEA de la Forêt des Maures, basée à Six-Fours, afin de produire eux-mêmes leurs miels.
Nombreuses acquisitions en
2019 est aussi l'année des acquisitions pour plusieurs dizaines de milliers d'euros : Savor et Sens à Signes détenue par Alain Léon (environ 8M de CA) et Bio Conquête, basée à Paris, une société spécialisée dans la fabrication de produits bio et dans l'acquisition de vergers et poulaillers bio. C'est ainsi qu'en février 2020, Patrice Jacquelin, président et actionnaire majoritaire, et Olivier Maniere, directeur opérationnel de la conserverie, décident de regrouper toutes ces entités sous une seule et même bannière, la holding French Gourmet
Food. Chacune de ces entités gardant à sa tête son propriétaire, ses marques, ses salariés et son fonctionnement. Pour compléter le tout, la société Confits de Provence, basée à Aix-enProvence, et qui avait une filiale en Bretagne pour développer ses confitures Quatre Saisons dont 80 % en bio, a également été rachetée (plus de13M de CA). « Le monde de l’épicerie fine est surtout développé par de gros industriels et des centaines de petites PME se partagent le reste du gâteau. Ici c’est une association de producteurs qui se fait dans le respect de l’identité de chacun et dans un esprit de synergies avec, pour ambition, de proposer la plus large gamme possible de produits provençaux », résume Olivier Maniere.
Du bio et du local
Ainsi, la holding French Gourmet Food devrait permettre d'accélérer le développement, notamment à l'export, de toutes ces PME, principalement situées dans la région, qui valorisent les produits et producteurs locaux (la SAS CBF fait
travailler plus de 25 pêcheurs d’Hyères et du Golfe de Saint-Tropez pour ses soupes de poissons). Les patrons de la holding se sont aussi fixés pour objectif de passer à 50 % de produits bio proposés en rayon d'ici trois ans. Son chiffre d'affaires devrait dépasser les 30 M€à la fin de cette année. De quoi lui permettre de picorer encore de belles parts de marché devant ses concurrents de grands groupes industriels, tout en faisant la promotion de produits made in Var. Cocorico !