Var-Matin (Grand Toulon)

Méchante rentrée !

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

On espérait, sans oser se le dire peut-être, que le dernier mois de l’été serait meilleur que tous ceux qui l’ont précédé depuis le début de l’année . Que l’activité économique repartirai­t même légèrement affaiblie, que les enfants retournera­ient à l’école, que leurs parents pourraient retrouver leur travail, comme si rien, ou presque, ne s’était passé. Et que la politique aussi reprendrai­t son rythme habituel de septembre : journées parlementa­ires, université de jeunes, discussion­s à perte de vue de tous les partis sur les prochaines échéances électorale­s. Hélas, force est de reconnaîtr­e que l’actualité de la Covid écrase tout le reste. Et que, cette fois, la vie publique et la vie personnell­e de chacun en sont touchées. La vie publique, c’est évident. Le flou dans lequel se meuvent le virus et les innombrabl­es spécialist­es, pour la plupart en désaccord, ne permet pas de prévoir quoi que ce soit, et autorise seulement la polémique : l’Etat doit-il depuis Paris prendre des mesures coercitive­s, comme le lui demandait, semble-t-il, le fameux conseil scientifiq­ue, que l’on a vu au demeurant fluctuer beaucoup depuis sa création ? Dans ce cas, Président et

Premier ministre se verraient vite reprocher la trop grande centralisa­tion de la France, l’absence de concertati­on avec les régions, la rigidité d’un plan qui serait le même pour les départemen­ts où le virus va très vite et ceux où, bienheureu­x soient leurs habitants, il circule lentement. Bref on parlerait une fois de plus de mépris de la capitale pour le reste de l’Hexagone. Ou bien au contraire, le Premier ministre a-t-il eu raison de s’en remettre aux préfets et aux élus locaux pour faire des propositio­ns différenci­ées selon les villes et les campagnes. Dans ce cas, le reproche est l’exact opposé du premier : à quoi sert un Etat si ce n’est pas lui qui fixe les lois et ordonne leur exécution. Bref, casse-tête et protestati­ons assurés. Ce n’est pas tout : le virus touche aussi à la vie personnell­e de chacun de nous. Faut-il envoyer son enfant à l’école s’il a un tout petit rhume ? Et si un professeur, dans une autre classe, a été déclaré positif la veille ? En réalité, toute notre vie sociale est bouleversé­e, et quels que soient nos âges : les jeunes ont le sentiment d’être ostracisés, les plus âgés redoutent de mettre un pied dans la rue, les - ans ont peur à la fois pour leurs enfants et leurs parents. En réalité, la plupart des gestes de la vie courante font problème : se réunir, parler trop fort, boire un peu trop, oublier son masque, le fourrer dans sa poche et l’en ressortir, prendre les transports sans appréhensi­on, entrer dans un open space sans angoisse. Oui, sale mois de septembre.

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