Méchante rentrée !
On espérait, sans oser se le dire peut-être, que le dernier mois de l’été serait meilleur que tous ceux qui l’ont précédé depuis le début de l’année . Que l’activité économique repartirait même légèrement affaiblie, que les enfants retourneraient à l’école, que leurs parents pourraient retrouver leur travail, comme si rien, ou presque, ne s’était passé. Et que la politique aussi reprendrait son rythme habituel de septembre : journées parlementaires, université de jeunes, discussions à perte de vue de tous les partis sur les prochaines échéances électorales. Hélas, force est de reconnaître que l’actualité de la Covid écrase tout le reste. Et que, cette fois, la vie publique et la vie personnelle de chacun en sont touchées. La vie publique, c’est évident. Le flou dans lequel se meuvent le virus et les innombrables spécialistes, pour la plupart en désaccord, ne permet pas de prévoir quoi que ce soit, et autorise seulement la polémique : l’Etat doit-il depuis Paris prendre des mesures coercitives, comme le lui demandait, semble-t-il, le fameux conseil scientifique, que l’on a vu au demeurant fluctuer beaucoup depuis sa création ? Dans ce cas, Président et
Premier ministre se verraient vite reprocher la trop grande centralisation de la France, l’absence de concertation avec les régions, la rigidité d’un plan qui serait le même pour les départements où le virus va très vite et ceux où, bienheureux soient leurs habitants, il circule lentement. Bref on parlerait une fois de plus de mépris de la capitale pour le reste de l’Hexagone. Ou bien au contraire, le Premier ministre a-t-il eu raison de s’en remettre aux préfets et aux élus locaux pour faire des propositions différenciées selon les villes et les campagnes. Dans ce cas, le reproche est l’exact opposé du premier : à quoi sert un Etat si ce n’est pas lui qui fixe les lois et ordonne leur exécution. Bref, casse-tête et protestations assurés. Ce n’est pas tout : le virus touche aussi à la vie personnelle de chacun de nous. Faut-il envoyer son enfant à l’école s’il a un tout petit rhume ? Et si un professeur, dans une autre classe, a été déclaré positif la veille ? En réalité, toute notre vie sociale est bouleversée, et quels que soient nos âges : les jeunes ont le sentiment d’être ostracisés, les plus âgés redoutent de mettre un pied dans la rue, les - ans ont peur à la fois pour leurs enfants et leurs parents. En réalité, la plupart des gestes de la vie courante font problème : se réunir, parler trop fort, boire un peu trop, oublier son masque, le fourrer dans sa poche et l’en ressortir, prendre les transports sans appréhension, entrer dans un open space sans angoisse. Oui, sale mois de septembre.