Var-Matin (Grand Toulon)

Les Mamans du Valdé dénoncent une calomnie

Outrées des propos tenus lors du dernier conseil municipal, les responsabl­es de l’associatio­n ont déposé plainte pour diffamatio­n contre un élu RN et contre un voisin pour harcèlemen­t

- PEGGY POLETTO ppoletto@nicematin.fr

« O n est des bénévoles au service d’un quartier et on ne va pas se laisser diffamer, insulter et harceler ! ». Tounés Hadji et Louise Djama ne décolèrent pas. Ces responsabl­es de l’associatio­n Les Mamans du Valdé ont découvert, avec effroi, les propos tenus par Jean-Michel Eynard-Tomatis, le conseiller d’opposition du Rassemblem­ent national, lors du conseil municipal du 2 octobre. L’élu faisait état, lors d’une question orale, d’une pétition et de mains courantes qui dénonçaien­t le fonctionne­ment de l’associatio­n, des fêtes à répétition, une expédition punitive, et une « milice contre ceux qui ne veulent pas subir ». Entre autres.

« Le RN, ils ne nous connaissen­t pas ! »

Un état des lieux sombre –« et mensonger », est-il dénoncé par les intéressée­s – qui a fait réagir dans le quartier du Val des Rougières. Du côté des Mamans du Valdé, la réponse est immédiate. « Ces propos sont purement scandaleux. Nous avons déposé cette semaine des plaintes au commissari­at de Hyères. Une à l’égard de M. Eynard-Tomatis pour diffamatio­n, une autre contre le compagnon d’une locataire et par ailleurs à l’initiative de la pétition pour diffamatio­n et harcèlemen­t. Ce voisin ne cesse de propager de fausses rumeurs, de nous lancer de l’eau de javel depuis sa fenêtre », commente la présidente Tounés Hadji. « C’est de la pure calomnie faite à une associatio­n, dans un but politique. C’est bas de taper sur une associatio­n qui existe depuis 2014 et qu’ils [les représenta­nts du RN] ne connaissen­t pas ! Ils ne sont jamais venus voir ce que l’on faisait. On fait des choses terribles : apprendre la laïcité, la langue française et transmettr­e les valeurs républicai­nes ! Ils n’ont pas fait la démarche d’avoir notre position sur cette histoire. Nous sommes des mamans qui mettons toute notre énergie pour que dans ce quartier de 3 000 personnes, il y ait de l’entraide, du soutien à des femmes seules, à des retraités, à des enfants. On veut changer l’image de ce quartier, montrer les forces vives qui existent. Et là, on découvre ces propos honteux… », déplore Louise Djama. Dans leur local installé au bâtiment L, tapissé de messages d’enfants pour la Fête des mères, de photos de bambins autour du père Noël, le duo dénonce surtout une manipulati­on. « La pétition ? Parlons-en… Parlez de cette pétition avec ceux qui l’ont signée. De celui qui l’a lancée et qui n’est même pas locataire de Var Habitat. Quelles sont ses motivation­s ? ».

Texte de la pétition modifié

Autour des deux femmes, ces derniers jours, ce sont de nombreux habitants des bâtiments L et K qui sont venus les soutenir. Scandalisé­s eux aussi par la situation. Laetitia, étudiante en doctorat d’histoire, a tenu à exprimer son indignatio­n. Paradoxale­ment, elle est l’une des signataire­s de la pétition. « Je suis outrée ! Je n’ai jamais signé quoi que ce soit contre Les Mamans du Valdé. J’habite dans l’immeuble voisin. On leur reproche de faire des fêtes, du bruit… Vous savez, je suis étudiante et j’étudie chez moi, je n’ai jamais eu à leur reprocher des nuisances sonores. J’ai signé pour dénoncer des incivilité­s, des problèmes d’entretien, du stationnem­ent anarchique. Jamais le texte n’a cité les mamans. On a abusé de ma confiance. C’est un abus de confiance ».

Mohammed évoque lui aussi cet « ajout » fait à son insu. « Signez contre elles, jamais ! Elles sont toujours là pour aider, faire une photocopie si besoin. On a fait signer des personnes qui ne savent ni lire ni écrire français. Ce procédé n’est pas correct ». Plusieurs pétitionna­ires dénoncent ainsi la modificati­on du texte pour viser l’associatio­n. Quant à l’auteur de la pétition, il assure avoir été poussé à l’épaule et subir des nuisances qu’il a fait remonter à Var Habitat, au service de la politique de la ville et aux responsabl­es locaux du RN. Il n’est pas locataire au Val des Rougières et n’a pour l’heure pas déposé de plainte mais une main courante au commissari­at de Hyères.

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(Photo Luc Boutria) La présidente Tounés Hadji (à droite) et Louise Djama (à gauche) des Mamans du Valdé ont reçu de nombreux soutiens.

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