Var-Matin (Grand Toulon)

Nice : le baby-sitter modèle était un agresseur sexuel

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Le jeune couple niçois trouvait l’idée originale de confier la garde de leurs deux enfants à cet homme, la trentaine rondouilla­rde et sympathiqu­e, bardé de diplômes. Ses états de service étaient irréprocha­bles. Ce profession­nel de la petite enfance n’avaitil pas travaillé dans une pouponnièr­e où il avait la charge de nourrisson­s et de bambins en danger, placés par la justice ? Leur fille de 6 ans les rassurait : «Camille, c’est le meilleur babysitter que j’ai jamais eu. » Les parents lui ont dès lors donné leur confiance et même leur affection. Et puis il y a ce soir du 22 août 2019 dans la salle de bains et les mots à peine audibles de C. leur fils de 30 mois. L’enfant est très précoce pour s’exprimer mais il n’est pas encore scolarisé, ni tout à fait propre. Quand le petit garçon explique à ses parents que Camille, «lenounou », a mis son zizi dans sa bouche, le monde autour d’eux s’effondre. Les policiers de la brigade des mineurs placent en garde à vue Camille Orion, 31 ans, qui, en toute fin de garde à vue, confirme les incroyable­s révélation­s du petit garçon. Au fil de l’enquête, la vraie nature de l’individu se révèle. Un homme inquiétant, qui fantasme sur les couches-culottes qu’il collection­ne, avoue des penchants pédophiles et zoophiles.

Un loup dans la bergerie

L’affaire avait été dans un premier temps qualifiée de viol et relevait de la cour d’assises. Les parents ont finalement accepté la correction­nalisation du dossier pour que la justice sanctionne rapidement (14 mois après les révélation­s) et qu’ils puissent tourner la page. Pour Sandrine Reboul, l’avocat de la famille de l’enfant, « le loup est entré dans la bergerie par la grande porte. Mais M. Orion n’avait pas intégré que C. s’exprimait de manière claire et aisée. » Camille Orion a été reconnu coupable jeudi soir d’agression sur mineur de moins de 15 ans. Le procureur Ludovic Manteufel avait requis cinq ans d’emprisonne­ment. Le prévenu a été condamné à quatre ans de prison et cinq ans de suivi sociojudic­iaire. Le président du tribunal Edouard Levrault a précisé au condamné ses obligation­s : se soigner, n’exercer aucune activité en contact avec des enfants. En cas de non-respect, une peine de trois ans de prison viendra s’ajouter. Des dommages-intérêts conséquent­s ont été alloués au petit garçon, à sa soeur et à ses parents. « Cela met mal à l’aise de voir un petit bout de chou qui esquisse un sourire quand cette photo devient une pièce de procédure, souligne Me Sandrine Reboul, conseil de la famille. Ce petit garçon a dû subir un examen médical, un interrogat­oire, voir les policiers venir à la maison. » L’évolution de l’enfant est désormais favorable et ne nécessite pas de suivi particulie­r selon les experts. Mais les parents de C. ne peuvent pas s’empêcher de penser que d’autres nourrisson­s, d’autres bambins, ont peut-être été victimes des déviances criminelle­s de Camille Orion.

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