Caroline Proust

Membre du jury de CanneSeries, l’héroïne d’Engrenages se confie.

Difficile de dissocier Caroline Proust du personnage de Laure Berthaud d’Engrenages. Lundi dernier, la huitième et dernière saison de la série créée par Canal+ en 2005 a baissé pavillon. Dans la foulée, Caroline Proust a dévoilé son documentaire Engrenages dans la peau qu’elle présentera, aujourd’hui, à14 heures à l’espace Miramar dans le cadre de CanneSeries dont l’actrice est membre du jury. C’est donc une femme dans l’actualité que nous avons appelé, hier, lors de son arrivée sur la Croisette.

Qu’est ce que cela vous fait d’être membre du jury d’un festival en présentiel en  ? Ça me donne presque envie de pleurer d’être là. C’est courageux d’organiser un festival en réel dans une période où tout le monde est très frileux. C’est beau de se donner les moyens.

C’est une fierté ? Pas une fierté mais ça me donne beaucoup de joie. J’adore me retrouver avec mes compagnons de métier pour échanger. Et là, à part Grégory Fitoussi mais que je n’avais pas vu depuis un moment, je ne connais personne dans le jury (), c’est donc une vraie découverte pour moi.

Vous allez également présenter votre documentaire sur la fin d’Engrenages. Ce n’est pas une idée de moi car, au départ, je voulais réaliser un épisode de la dernière saison. Et puis j’ai eu l’idée de retrouver les acteurs qui ont partagé quinze ans d’Engrenages avec moi pour faire un bilan. C’est une experience, quinze ans d’une série, qu’il fallait raconter. Idéalement, je voulais interviewer nos premiers fans, les flics, les avocats, les magistrats mais la Préfecture de Paris ne m’a pas donné l’autorisation de les filmer alors ils interviennent seulement en voix off.

C’est facile de tourner la page ? Non, ce n’est pas évidemment de faire le deuil. J’ai fait ce documentaire pour commencer le sevrage justement car c’était une drogue. On ne tourne pas une telle page d’un claquement de doigts.

Avez-vous conscience de la force d’Engrenages ? C’est une série qui a marqué les gens. C’est bien car on a mis beaucoup de nos tripes dans cette série et elle a bien vieilli même si la manière de filmer a évolué. Mais quand on est sincère, le temps n’a pas d’impact sur les créations.

En , lors de la première saison, vous vous attendiez à un tel succès ? Quand on s’est lancé, on s’est dit que l’on pouvait faire des choses différentes car c’était Canal+. On était aussi inspiré par les séries de l’époque comme The Wire ou The Shield qui avaient beaucoup marqué le genre aux USA. En France, même si la série a vite été arrêtée, Police District d’Olivier Marchal avait installé quelque chose au début des années . Il y a avait un souffle sur lequel on s’est appuyé.

Vous parlez dans votre documentaire de cette peur de faire la saison de trop. Oui, c’était une vraie crainte. De se retrouver sur le plateau et de ne plus avoir envie d’être là. De ne plus avoir le jus nécessaire. Il fallait tenir bon, pour le public aussi. On ne pouvait pas continuer éternellement non plus. J’avais envie de faire autre chose, les autres comédiens aussi, c’était le moment d’arrêter. Ça a marqué une génération de téléspectateurs mais ça nous a marqué, nous aussi, en tant qu’acteurs. Cette série, je l’ai éprouvée physiquement et je suis contente de tout ça. On a montré les difficultés de pleins de métiers tout en mettant en valeur des héroïnes fortes.

Compliqué de tourner la page”

Avez-vous peur d’être cataloguée constamment comme Laure Berthaud ? Oui mais c’est le risque. C’est un rôle qui va me coller à la peau.

Votre dernière série coup de coeur ? Chernobyl. C’était très fort. Ça montre l’homme autrement et puis on raconte une histoire que l’on connaît mais que l’on ne connaît pas en réalité. Je regrette juste que la série ne soit pas en russe. Je ne doute pas que des artistes russes aient pu faire la même série mais est-ce qu’on leur aurait laissé la liberté de raconter l’histoire ? 1. Laëtitia Eïdo, Randy Kerber, Roxane Mesquida, Jean-Pascal Zadi et Grégory Fitoussi.